Les Singer 215G et 206K de Simanco33

Quand j'ai acquis cette 215 je pensais acheter au vu des photos petites et flous une 66K, la forme de la tête montrait bien que ce n'étais pas une "15" et je savais que les 66K existaient avec une marche arrière comme les 15K88. Ce n'étais pas une 201K car je ne voyais pas le méplat sous la tige de bobine de fil. Ce méplat protège les engrenages des machines à bobine rotative.

La machine est arrivée dans une valise qui annonçait déjà une provenance germanique.


La boîte également faite avec un "Sipo" de qualité semblait bien de provenance allemande.


La machine était faite comme une "15" mais ce n'étais pas une "15"…


Le numéro qui commençait par "PA" l'a confirmé, cette Singer a été fabriquée à Karlsruhe dans l'ancienne usine Haid&Neu. C'est un design Haid & Neu badgé Singer. C'est une Singer 215G (merci Thierry d'avoir trouvé).

D'ailleurs comme le montre le site :
https://www.naehmaschinenverzeichnis.de/verzeichnis-der-naehmaschinen/haid-neu/
Les éléments ressemblent beaucoup à ceux de la Haid &Neu "Torpédo" que l'on voit ici en photo :





Le site :
https://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=auto&tl=fr&u=https%3A%2F%2Fwww.singersewinginfo.co.uk%2Fantiques%2Fhaidundneu
… relate comment c'est effectuée la transition Haid & Neu vers Singer :
"Jusqu'en 1938, la majorité des actions de la société appartenaient à la famille Strauss. En 1940, la filiale Maschinenbau Betz GmbH à Offenbach a été achetée. Après la Seconde Guerre mondiale, une restitution des actions a été faite à la famille Strauss aux États-Unis, mais ils n'avaient plus aucun intérêt dans l'entreprise, ils les ont donc vendues en 1951/52.
En 1951, la société a conclu un accord de licence et de fourniture avec Singer Sewing Machines AG, Francfort.
En 1958, la société a été reprise par Singer et rebaptisée Singer Nahmaschinenfabrik, Karlsruhe. Dans le même temps, le nom Haid und Neu a été repris par la filiale Maschinenbau Betz à Offenbach / Main, qui a continué à produire des machines sous la marque Haid und Neu jusqu'à sa vente en 1963.
Lorsque Singer a pris la relève, l'usine de Karlsruhe a continué à fabriquer les anciens modèles Haid und Neu qui étaient commercialisés sous le nom de modèles Singer tels que les 215G, 216G, 218G, etc.
Après le réaménagement de l'usine avec les dernières machines pour machines à carrosseries en aluminium, elle est devenue un centre d'excellence pour l'usinage complexe et a fourni des corps usinés finis à d'autres usines européennes Singer pour l'assemblage final.
L'usine a été renommée à nouveau en 1967 sous le nom de Singer Werke GmbH avant d'être finalement fermée en 1982."

Cette histoire est également évoquée sur le site de Callisto (que je salue) :
http://leblogdecallisto.blogspot.com/2014/01/la-firme-haid-neu-et-lusine-singer-de.html

Donc, cette machine "de transition" a été fabriquée après 1958 (ou 1951?) et (bien) avant 1982.


A noter sur le site ils montrent une 215 qui a un curieux montage de lampe.

J'ai laissé pendant un temps la lampe comme elle m'a été livrée. De toute façon j'aime bien mettre juste les mécaniques de machines sur des étagères et poser les accessoires à côté.


La moteur est en 220V et la lampe (à vis) sera à remplacer car à l'évidence pas conforme.


Le moteur tourne bien mais je compte bien faire fonctionner cette machine avec une table en fonte et une courroie en cuir…

Je procède à un nettoyage classique au pétrole, lustrage léger et huile de vaseline en abondance pour "rengraisser" la peinture et lubrifier la mécanique.


Tout rappelle bien la "15"


Mais les détails sont bien Haid & Neu… le poids aussi 15KG.

Certaines pièces me semblent même correspondre à la Torpédo (l'axe évidé qui fait remonter les dents d'entrainement), le porte bobine…



Référence de la courroie d'origine.

Un nuage arrive (dans le Sud-ouest, c'est courant), on rentre pour essayer la machine et la faire coudre.

Je la monte sur ma table Singer avec bois de "15". Je fabrique une courroie, à sa taille, que j'étiquèterai plus tard avec son numéro.


Je prépare la canette standard mais avec encoche et flasque large pour laisser passer le guide releveur de bobinoir. A noter que le guide fil du bas est bien celui des Haid & Neu.


J'enfile la machine comme une "15". L'accastillage est de qualité.


Elle coud donc inutile de revoir la synchronisation. Le point ne me semble pas très joli pourtant la machine n'a pas de jeu. Il faudra affiner le choix de l'aiguille du fil et bien régler les tensions…

Il m'arrive en ce moment une chose formidable. Je trouve des machines que je cherchais désespérément depuis des mois.

Lorsque j'ai préparé le post que j'avais édité pour trouver  le type de cette "215", j'avais remarqué que les pages qui parlent des "215" évoquent une autre machine dont la ligne ressemble beaucoup aux productions de l'usine de Karlsruhe, la Singer 206. La même mais… avec le zigzag. L'ancêtre de la 306. Le maillon manquant de Singer qui fait passer les "15" en fonte vers les fontes zigzag familiales. Une jolie "zigzag" aux formes bien rondes, presque aussi fine qu'une "15" .

(à noter il existe également une Haid et Neu LZ  à zigzag qui ressemble à la Singer 206)

https://www.naehmaschinenverzeichnis.de/verzeichnis-der-naehmaschinen/haid-neu/

.. Une semaine plus tard j'ai trouvé une Singer 206…K, fabriquée en 1950 en Angleterre.

La voici à côté de la "215". La forme ressemble mais celle-ci a en plus… une bobine rotative et le zigzag!

Me voici donc enfin avec cette 206 que j'ai si longuement cherchée.


C'est une Singer 206K fabriquée dans l'usine Singer de Clydebank en Killbowie (Ecosse) en 1950.


Elle m'a été livrée, mécanique seule, sans moteur, juste avec une lampe en  220V.


Sa vocation semi-professionnelle  fait qu'elle est équipée d'un système releveur de pied commandé par le genou.

La transmission haut/bas se fait par une "courroie en corde" comme sur la 306. Celle-ci garanti le silence et la souplesse de la transmission mais qu'en est-il de sa résistance avec le temps. J'ai ce système sur plusieurs machines (306, Elna) et pour l'instant j'en n'ai pas vu de cassées, même sur le marché de l'occasion pour la pièce


Je trouve la commande de zigzag magnifique avec son côté très tarabiscoté qui même moins aboutie que celle de la 306 , donne beaucoup de charme à la machine et ne peut que séduire les amateurs de vieilles machines.


On trouve déjà, ici, la transmission mécanique du zigzag de la 306

Il y a un carter pour protéger l'engrenage du bas (il était sur cette machine figé par de la graisse séchée). Pas de graisse au lithium cette fois ci, juste de l'huile de vaseline. Ce sera plus facile à nettoyer.

Je compte mettre cette machine en étagère. Je la ferai fonctionner uniquement au pédalier avec courroie en cuir. Elle a beaucoup vécu, pas besoin de la stresser avec un moteur.



Sur la tige d'aiguille on trouve les rainures de réglage de la synchronisation : marque haute, le point mort bas, deuxième marque en dessous, point de réglage de la synchronisation du crochet avec le chas de l'aiguille.


Je vérifie la synchronisation avec une aiguille du type conçu au départ pour cette machine : une 206X13.




Je ne reviendrai pas sur ce long débat au sujet de la compatibilité des aiguilles 15X1. On peut essayer, cela fonctionne en partie mais ce n'est pas conseillé (voir les différents posts à ce sujet)

(C'est le même porte canette que la 306, on trouve… mais les aiguilles, c'est plus difficile)

Je monte la machine sur mon pied Singer équipé d'une découpe de bois de "15".
Je monte une canette métal standard "15" d'époque , c'est à dire toute en métal avec encoche pour être entrainée par le bobinoir, assez large pour que le releveur passe entre les deux flasques.


Sur la photo, encore une fois, j'ai oublié de faire passer le fil par le guide du bas du bobinoir. On est vite rappelé à l'ordre car le fil saute du guide haut et on comprends vite l'erreur.

Enfilage "classique " de la machine… Elle coud. Elle coud bien le point droit (il y a, dans les accessoires, une plaque à un trou pour faire un point droit parfait). Elle coud le zigzag (de 4mm), l'aiguille peut être alignée à gauche, au centre ou à droite avec le long levier qui ressemble à un sélecteur de vitesse de vieux vélo.



J'ai pu, enfin, réaliser du zigzag… à la manivelle! On dirait une "15" qui saurait faire du zigzag!



Voici donc le maillon manquant Singer entre les "15", point droit, et les fontes noires zigzag. Une 306 qui aurait la forme d'une "15", plutôt d'une 215 comme on a vu au début du post.

A noter, une nouveauté (pour moi) dans les accessoires fournis avec la 206.


Un outil Simanco pour enfiler les aiguilles (il y avait la notice jointe), une clé type "mécano" mais gravée Simanco et un manche en bois que je pensais être rajouté par les ancien propriétaires mais qui apparaît, en fait, sur la notice (j'aimerais bien savoir quel est leur usage).



J'ai, enfin, une machine pleine de "710"!... j'en ai compté 16!

(OIL bien sûr)


Il y a aussi les points de lubrification du bas de machine…

par le fait 45 points de lubrification avec le crochet.

Il y en avait 47 sur la 306…

(ci-dessus la Singer 306M)

Il ne me faudra pas entretenir les deux machines le même jour…

Photo de famille, la 206K avec sa fille de Monza, la 306M :


... et avec sa cousine germaine la 215G :



Ici commence donc pour moi la "Saga" des "zigzag fontes noires… et aussi vertes, d'ailleurs…

J'ai quelque temps après, lors d'une "visite d'entretien", mis en ligne la vidéo du fonctionnement :

Waou, Simanco ! C'est une chouette adadoption !
Le zigzag ne fonctionne qu'à la manivelle ou c'est toi qui préfères être prudent ?

Uniquement pour le plaisir!... La machine fonctionne au moteur, au pédalier fonte (ou meuble mais je n'aime pas, je me sens "serré") et à la manivelle juste pour le "fun"... Je voulais faire quelques figures mais je ne suis pas doué. Au pédalier quand je veux faire du point par point, je tire doucement la courroie à la main le nez collé à l'ouvrage et la langue à moitié dehors... je ne ferai jamais çà en public!...

Merci Simanco pour cette belle présentation, très intéressante de surcroît !
Voilà de bien jolies machines pour ta collection, il va peut-être te falloir déménager à force d'emmagasiner ??  
A moins que tu ne t'agrandisses par le sous-sol en creusant un abri spécial vieilles machines que tu pourras éclairer tout en pédalant lors des tests couture ...?

Simanco:
Je comprends bien ça. Fifille a beaucoup de plaisir à tourner le volant de la 103K. Elle savoure la formation de chaque point. Je n'ai pas regardé si elle tirait la langue.
C'est amusant, toi, tu préfères actionner la courroie plutôt que le volant. Fifille et moi, on attrape les rayons. Mais bon, moi, ce que je préfère, c'est la vitesse. Quitte à découdre...

Ça ne m'étonne pas pour le meuble. Quand j'en vois, j'imagine aisément que certaines jambes peuvent se sentir claustrophobes. Il y a une sensation de liberté à pédaler. Le meuble peut contrarier cette sensation. Ça me fait penser aux couchettes-cercueil de bateau, qui optimisent l'espace. La tête seule dépasse (côté cabine) et le corps est sous le banc arrière (ça fait banc à l'extérieur).
Je ne sais pas si je suis claire. C'est sympa pour la sieste. Mais c'est pas énergique.

Non, sur la couchette du bateau je mettrai la Necchi Bu...

Pour le point par point, je tire la courroie à la main, juste sous le volant, car je trouve que cela permet d'être très précis de par le mouvement linéaire.

Je regarde toujours çà avec mes yeux d'enfant quand j'étais hypnotisé par la magie des transformations du mouvement du pédalier de la "31" de ma Grand-mère couturière.... pied, mouvement alternatif, volant, rotatif, courroie, linéaire, etc., etc... à la fin un costume fini et de l'argent pour transformer tout cela en nourriture!... si ce n'était pas magique tout çà...   enfin je me comprends.

Oh si, c'est magique. On peut très bien comprendre avec son cerveau logique et garder l'émerveillement. Il faut garder l'émerveillement. Sinon, plus rien n'a de sens.

Le boitier de renvoi de la 206, comme celui de la 306 et de la 319, doit être rempli de graisse !

C'est marrant, cette 206K "710" industrielle, je ne connaissais que la 206K "familiale", sans le releveur au genou et les points de lubrification marqués. Mais sur le site Ismacs il y a plusieurs variantes industrielles (pas facile d'identifier ta version !).

Maintenant, il te faut la 319K pour compléter la trilogie (et la 320 pour la tétralogie...).

Il y a... et a des prix qui commencent à être accessibles... mais pas noires... couleur bonbon acidulé!... J'aime celle qui ressemble à une Kalimba... je me vois coudre avec deux pouces!...

Wahou, trop belles tes fifilles !
Belles acquisitions !
J’avoue être super jalouse moi maintenant que j’ai vu ça...
Dommage que je n’ai pas eu de brocantes cette année pour trouver ce que je cherche... et donc un zigzag sur une singer noire...

... oh, j'ai fait mieux (ou pire) depuis ... j'en ai trois qui baignent dans l'huile... noires, rondes avec zigzag... ah oui, plus deux vertes... bientôt sur vos écrans... mon cas s'aggrave...

Admiration ;-)

J'ai eu, entre temps, l'explication sur l'usage du petit manche en bois : c'est un "découpeur de boutonnières".
J'ai acquis récemment une Meister (verte) qui était accompagnée de sa boîte à accessoires et le même outil était présent. C'est le premier que je trouvait qui accompagnait une Singer, un apport culturel allemand, peut être...


Un outil du même type était fourni avec une boutonnière "Vanguard"


https://lamachineacoudre.forumactif.org/t1804p50-automatic-buttonholer-by-singer-de-simanco33

Pratique, ce ciseau à bois, enfin, je veux dire, ciseau à tissu. J'ai toujours peur d'ouvrir les boutonnières au découd-vite et d'aller trop loin...