Hurtu A, "MACHINE A FIL CONTINU" et Hurtu H de Simanco33

J'avais présenté cette machine succinctement sur la rubrique "Notices" non pour trouver une la notice du modèle lui-même mais pour avoir une documentation sur cette machine qui présentait un mécanisme qui différait des autres Hurtu.

Sur les conseils de mes camaradesj'ouvre le post dans la rubrique Hurtu bien que la machine soit bien loin d'être restaurée. J'espère cependant trouver suffisamment d'éléments pour comprendre comment elle fonctionne et la faire coudre quelques longueurs. C'est pour moi là le principal.

Les photos que j'avais prises au départ étaient seulement pour les pointer et faire des archives. Cette machine faisait partie d'un lot de quinze machines, toutes en très mauvais état mais comptant, cependant, quelques perles qui méritaient le déplacement.

C'est une Hurtu A "MACHINE A FIL CONTINU". C'est "Parisienne" qui a trouvé. Il (c'est un monsieur) en a une. Il montrera. Lachenaude aussi en a une, il a montré :
https://lamachineacoudre.forumactif.org/t4389-notice-hurtu-machine-a-fil-continu-pour-simanco33

La mienne :



Le bas est très différent de la P11 de Lachenaude. Il est a noter que sur ma machine il n'est nulle part noté que c'est une P11.

(l'image est renversante mais on voit mieux la gravure Hurtu)

Le bloc de bobine ressemble à une rotative de genre Wheeler& Wilson pourtant le reste me semble bien différent.

Le reste de la machine est complet mais très corrodé. Je ferai.

C'est bien une Hurtu.

Dans la rubrique "Notice" j'avais lancé un appel pour avoir des renseignements sur le médaillon "LA DEESSE NOUVELLE- LE SAINT- ROUEN"… personne à une idée? (sry, je sais, c'est mauvais mais tout le monde ne comprendra pas, ça me rassure)

Je ne voulais pas aller plus loin et laisser cette machine pour plus tard (j'en ai trois autres autant intéressantes sur le feu) mais voilà, on frotte, on pose des questions et on a des réponses qui appellent d'autres questions.

Elle était complètement bloquée. Je me suis fortuitement souvenu que j'avais une petite cuve vibrante. J'ai mis mes pièces avec un mélange de dégraissant (lessive Saint Marc) et une goutte de vinaigre pour donner un peu d'acidité. J'ai chauffé à 50° comme indique sur un "tuto" sur internet et c'est "venu".

Si cela avait marché pour les petites pièces peut-être que je pouvais avoir un résultat sur la tête de machine et ses tiges de pied et d'aiguille. Au bout de trois séries de 12mn j'ai débloqué les tiges.

En débloquant les tiges j'ai débloqué le bas de machine. Tout tourne. C'est corrodé mais débloqué.

Ce bac vibrant doit juste être considéré une aide au démontage. Il n'a, je ne pense pas, aucune vertu magique. Quand c'est très bloqué il faudra batailler.

Il me reste à comprendre comment le reste fonctionne.

C'est donc une machine à fil continu. C'est marqué sur la plaque.

Si, si je vous assure, c'est marqué dessus...

On voit mieux sur une photo Internet d'une machine en état

La mienne porte le numéro 72584 celle de la photo Internet 208378.

Les éléments de cette pièce devraient aider à comprendre comment la machine fonctionne aussi j'ai photographié en détails.

Comme tout était soudé au départ par la rouille, je pensais qu'il n'y avait pas de canette. Quand j'ai démonté j'ai vu que oui.


Le porte canette est solidaire du support. La canette dispose d'une fente et l'axe qui la porte, d'un ergot. L'étoile qui porte cet axe tourne. La vis permet de démonter. Il y avait un disque de feutre, sûrement huilé, entre la canette et "l'étoile" pour lubrifier le fond du porte canette.



C'est finalement un dispositif de canette rotative avec un porte canette un peu différent.



Il n'y a pour l'instant rien qui laisse entendre un système spécifique de fil continu.

Maintenant que la tête est débloquée et le mystère de la canette (presque) résolu je vais finaliser la mise en marche et essayer de faire coudre. En faire une machine d'exposition sera pour plus tard.

Ta cuve , çà marche mieux que le coca ?

Je pensais que ce nettoyeur "micro ondes" marchait couvercle fermé et voila qu-on peut aussi  y prendre des bains de pieds  
Rj2

Mais pourquoi "machine à fil continu " ? je pensais qu'elle ne faisait que du point chaînette (= d'où son nom de "fil continu") mais elle a une canette... donc deux fils qui s'entrecroisent.

C'est cette dénomination "fil continu" qui m'a fait phantasmer une mécanique extraordinaire avec fil continu "en bas". Je pense que c'est, en fait, une bonne rotative de la première heure.

J'ai refixé le bras et comme les tiges fonctionnent, j'ai décomposé le mouvement.

Je crois que j'ai compris à quoi servaient l'engrenage et le galet du lilieu :

C'est pour commander les dents d'entrainement. Le système démultiplie le mouvement de l'arbre rotatif et fait tourner la came, juste derrière le crochet qui fait le mouvement du mécanisme des dents d'entrainement du tissu. Toute cette belle mécanique a été sûrement étudiée pour avoir tout de regroupé dans l'axe de la machine.



L'axe du crochet est solidaire de l'arbre, la came des dents est solidaire du dispositif commandé par l'engrenage en quart de disque. C'est un exercice de style d'usinage. je serai curieux de savoir si quelqu'un a repris ce système ailleurs.

Pas besoin donc de notice pour la spécificité du fil continu. Il faudra juste "batailler" pour étudier l'enfilage du bas. Ce sera plus aisé quand la machine sera remontée.

Cette dénomination, sûrement abusive, servait peut-être à contourner les brevets des "rotarys"... à moins que l'on me prouve que la Hurtu était la première.

Faire vibrer du Coca... je vais essayer... Non je plaisante, par le fait le liquide spécifique coûte un bras. Je doute encore sur l'apport réel de cette cuve et soupçonne même un effet palcebo. Cela ne doit pas agir mais cela fonctionne... comme le coca que j'ai aussi essayé.

Les petites pièces, j'ai fait couvercle fermé. Très rapidement l'eau s'est décolorée. Quelque chose devait bien se décrasser. C'est la première fois que je faisait avec un détergent légèrement acide, les autre essais j'avais fait avec uniquement de l'eau (un crochet de Minerva).

Les pièces sortie de la cuve ne sont pas brillantes mais se nettoient par contre plus facilement. Je pense que cela agit aussi dans les "corps creux". Pour les tiges j'avais des doutes, avant d'essayer le pied bougeait et était presque sorti mais la tige d'aiguille était comme soudée. La longue vibration (pourtant sans couvercle) me semble avoir agi car lorsque j'ai tapoté avec le marteau, au bout de 3 fois 12mn, j'ai constaté qu'enfin elle bougeait.

Je finirai par m'acheter un litre du vrai produit détergent (à fort Ph) mais il coute 27€ c'est plus que la Saint-Marc (au pin des Landes!)

J'ai récupéré ma P11 il y a 2 heures et je retrouve exactement les mêmes éléments que toi .
Pas eu le temps de faire les photos mais je ne pense pas que ça apporte quelque chose maintenant vu que la tienne tourne et que tu as pu analyser son fonctionnement .
Aucune idée de cette notion de fil continu .
Par contre l'éjection du bloc de canette est vraiment optimisé .
Je ne serais pas surpris qu'Hurtu ait commercialisé des blocs de rechange que l'on aurait préchargés à l'avance .
En cas de couture intense ,le remplacement de la canette pouvait être ultra rapide ,assurant un service " continu"
Simple théorie qui vaut ce qu'elle vaut

Théorie intéressante, vu toutes les inventions que les ingénieurs d'époque "s'ingéniaient" à développer pour se démarquer...

Une petite explication sur ISMAC : https://ismacs.net/hurtu/hurtu-sewing-machines.html

Merci Vincent, suite à ma question sans réponse, je connais à présent la date de fabrication de cette machine, et qu'Hurtu était un bon copieur aussi 

Bonjour
Bon ,rien de plus qu'une bobine un peu plus remplie .On s'attendait à un truc plus innovant mais une bonne occasion ,sur ce site, pour admirer ces adorables Hurtu Abeille et Productive .
A noter que la P11 existe avec une navette vibrante et aussi une version portable devenue rare de nos jours .

Le site imacs dit tout!

Ce que je retiens et je ne suis pas du tout objectif c'est que :

La production était, en 1876, de 5000 machines pour 260000 machines Singer (donc, les Hurtu sont rares).

Que en 1874 elles étaient estimées : " probablement suffisantes pour les " gens lents de France '' mais n'étaient pas compétitives sur le marché américain"… tant mieux!

Qu'en 1880 ils ont fait la "Fil Continu" qui était bien une Rotative de type W&W mais qui pouvait jouer abusivement, avec l'ambiguïté de sa dénomination, de la spécificité d'une Grover et Baker. La machine était néanmoins "ingénieuse".

Que "la dernière véritable Hurtu quitta l'usine en 1907 et qu'à partir de ce moment, toutes les machines à coudre domestiques vendues en France étaient soit Singer, soit badgées " importations".

J'ai la P2 (à finaliser) , la P9, la "fil continu" et la "Moderne" (à finaliser). Cela me fait un échantillonage représentatif de la marque. Il manquerait bien un "bras libre". J'attendrai qu'il me passe pas trop loin, même très abimé pour qu'il garde un prix abordable.

Beaucoup de machines Françaises de cette époque ont effectivement été jugées "indignes" de percer les marchés etrangers et puis nos industriels n'auraient peu être pas eu la capacité à produire en masse .
L'avantage est qu'elles sont toujours parmi nous et qu'on en trouve de temps à autre .Elles sont rares ,elles sont belles et ceux qui les boudaient hier sont prêts à débourser des fortunes pour les avoir maintenant .

Belle revanche

N'empêche que le système qui dévérouille facilement le bloc canette et le porte canette juste "avec le pouce" est "ingénieux". Je souhaite m'attaquer aux rotatives, comme je n'ai pas de W&W de type 2 ou 8, je vois bien cette Hurtu archaïque ouvrir la marche... même si le fil n'est pas vraiment continu. Au faitn, quelqu'un a une "Grover et Baker" pour voir comment cela fonctionne?

Il y a 2 ou 3 vidéos sur YouTube .
Celle de Wayne Schmidt montre un peu la mécanique dessous .
C'est la version de table adaptée en fonctionnement manuel .Pas d'origine mais très bien fait.
Une autre vidéo sur le modèle portable en coffret montre mieux la mécanique en dessous .

On voit clairement une bobine complète et pas de navette .C'est le crochet courbe rotatif qui déroule le fil et là on peut parler de fil continu.
Journaux Leblond avait adopté un principe similaire pour alimenter en continu mais avec un crochet droit vibrant non rotatif .
Celà lui a valu un procès d'ailleurs qu'il a fini par gagner car les principes sont différents.
Dans les 2 cas ,ce sont des machineries infernales .

Merci Parisienne, la "Grover et Baker" et vraiment magnifique. Là, c'est vraiment "du fil continu" (tant qu'il y a du fil dans la bobine). La bobine de fil et le guide fil que l'on voit en bas de machine me fait penser à la Cornely. Elle aussi a la bobine en bas et un guide fil en "fil de fer" ainsi qu'un crochet tournant mais en haut pas de bobine, seulement une aiguille crochet. les deux font du point chaînette, double pour la "G&B".

Je regardais les catalogues Hurtu mis à disposition par Lachenaude et je ne vois nule part la mention modèle "P11" sur celle du post mais : "NOUVELLE MACHINE à fil continu", breveté S.G.D.G.

(Ils ont gardé la mention avec "BOBINE DESSOUS". Il nous faut comprendre, maintenant, avec canette dessous)

J'ai enlevé le "P11" du titre mais si on me montre que c'est une P11, je prends.

Bon , on va oublier P11 car effectivement , ce n'est pas marqué dessus mais , ayant aussi une P11 à navette vibrante bien marquée P11 qui lui ressemble énormément , je lui ai attribué ce N° .
L'article ISMACS que Lachenaude à traduit récemment indique que les 2 versions existaient en même temps donc, ce pourrait être une P11 .
En revanche , en fouillant dans le Forum , il est aussi sorti une P12 à navette vibrante qui ressemble terriblement à la P11 .
Il faudrait avoir les deux cote à cote pour voir les différences donc celà devient un peu confus et moins catégorique . Ce sont les joies des échanges . On enrichit le débat au fur et à mesure .
Donc , on va plutôt lui laisser son titre de "nouvelle machine à fil continu" pour ne pas mélanger faute de preuve absolue .

En attendant d'aller faire un tour au grenier ... Needlebar

Une autre vue de P11 https://www.naaimachinemuseum.nl/35-huishoudnaaimachines/frankrijk/73-hurtu-p11
Et une vue partielle de la famille http://www.schlingenfaenger.de/hh-nm-fr-h-h.html

Merci à tous pour tous ces infos très intéressantes sur cette machine "spéciale".
Merci Simanco pour ce post qui nous l'a fait découvrir.
Merci Vincent pour les liens, les machines sont superbes !
(cela me fait de la lecture et m'occupe étant "en quarantaine" et pas très fringuante... pour cause de "saleté de Cvd22" )

Bonjour
Comme rappelé lundi par Simanco , voici les photos promises de ma HURTU à fil continu .Rien de plus à ajouter à tout ce qui a déjà été dit . C'est un modèle B donc un peu plus gros que celui présenté .

Sur celle ci aussi la transmission de la commande des dents d'entrainement est différente de la mienne, moins compliquée. La fabrication de la mienne à l'air antérieure. Ils ont du abandonner ce système si compliqué, avec paliers démontables et engrenage en quart de disque. L'ancien montage devait coûter cher et fragilisait sûrement la machine. Comme c'est pour de la collection, cela ne me dérange pas d'avoir l'ancien modèle.

Cette "B", tu dois la faire coudre maintenant qu'elle est là.

Ta machine est en bien meilleur état que la mienne. Comme je l'ai acquise avec sa table, une "double pédale" Hurtu industrielle avec une grande  roue, je vais la remonter, juste pour la faire coudre, je la finaliserai plus tard. Je voudrais bien faire la P2 avant.

Je ne vois pas de différences dans l'état de ces deux machines. 

Exemple: Regarde un peu les fans de BB de l'époque, aujourd'hui elles lui ressemblent impeccablement à deux ou trois années près 

 

Entre deux averses de grésil, un rayon de soleil, et séance photos pour comparer les P 11, et les A et B (machines "à fil continu")

coup de chance, les 3 ont la même décoration !!!

Vue d'ensemble



La navette de la P 11


Les blocs à "fil continu" de la A et de la B (la A a son fil)



Les dessous des belles




Quoiqu'elles soient très ressemblantes, elles sont en fait très différentes !!!

Les "A" et "B" sont différentes de la "II", la onze, quoi. Les "Fil continu" ont un levier, contre le volant, pour rappel du fil. La "11" comme la "P9" ont, elles, un "lève fil" relevé par la tiges d'aiguille.

Tes "A" et "B" ont le même "dessous " que celle  Parisienne. Aucunes des trois ont le système tarrabiscoté de la mienne pour faire fonctionner les dents d'entrainement. Elle est plus ancienne, peut être.

Je ne suis pas sûr que le fil passe par ce trou sur ta photo. Le fil doit, je pense, déboucher par le haut. Le porte canette a un système de tendeur avec un ressort à lame et deux trous pour faire passer le fil. Je ne suis pas souvent à la maison en ce moment. Il faut que je remonte tout çà pour étudier comment ça coud.