Hurtu A, "MACHINE A FIL CONTINU" et Hurtu H de Simanco33

Les "A" et "B" sont différentes de la "II", la onze, quoi. Les "Fil continu" ont un levier, contre le volant, pour rappel du fil. La "11" comme la "P9" ont, elles, un "lève fil" relevé par la tiges d'aiguille.

Tes "A" et "B" ont le même "dessous " que celle  Parisienne. Aucunes des trois ont le système tarrabiscoté de la mienne pour faire fonctionner les dents d'entrainement. Elle est plus ancienne, peut être.

Je ne suis pas sûr que le fil passe par ce trou sur ta photo. Le fil doit, je pense, déboucher par le haut. Le porte canette a un système de tendeur avec un ressort à lame et deux trous pour faire passer le fil. Je ne suis pas souvent à la maison en ce moment. Il faut que je remonte tout çà pour étudier comment ça coud.

Je suis très bien ton post Simanco, je "raouette" de bon coeur et j'adore suivre les techniques anciennes, en plus t te plis en 4 pour les faire coudre comme d'autres aussi 

Reprends les rennes de ton post  car cela a tendance à se disperser actuellement et c'est un peu fouilli à lire 

Je ne te dis rien, mais je te l'écris 

On te laisse faire, les questions viendront ensuite

Rj2 a écrit:Je pensais que ce nettoyeur "micro ondes" marchait couvercle fermé et voila qu-on peut aussi  y prendre des bains de pieds  
Rj2

Les nettoyeurs de ce genre ne sont pas micro-ondes mais ultra-sons. C'est d'ailleurs tellement atroce https://2img.net/i/fa/i/smiles/fresse.png qu'il est prévu un timer pour que l'on aie le temps d'évacuer la pièce avant que le dispositif se mette en route ! Il y a des résonnances suraigues, que j'entends encore fort bien.

On évoquait sur un autre post les dimensions de cette machine, les voilà :

Simanco33 a écrit:J'avais évoqué la Hurtu A dite à" Fil continu" ici.



Les dimension de son lit sont : 16x30 mm cm (35 mm cm hors tout avec le volant)

Autrement mes P2 et P11 font 18,5x31 mm cm

Pascal a bien fait de corriger... ce sont bien des centimètres qu'il faudra lire (des millimètres ce serait vraiment très petit!)

Comme nous avons de nouveau évoqué cette machine, je l'ai un peu avancée ces jours-ci.

Le WD40 a "travaillé" depuis plusieurs mois, j'ai pu tout démonter.


La peinture du "lit" est en grande partie effacée et le reste s'effrite. J'ai gratté et gardé un peu des motifs du levier lève tige d'aiguille et du  corps de machine à l'arrière.

Il est à noter que le chiffre 17 apparaît à différents endroits, précédé d'un "A" (on le voit aussi sous la machine de Lachenaude, plus haut sur le post)

… ou d'un "B"

… même d'un "C" sur le volant!


Autrement, toutes les pièces de la machine portent le numéro de série frappé à froid.


J'ai, ensuite, beaucoup étudié l'arbre principal qui m'intriguait tant.


C'est, en fait, un retardateur de rotation qui agit comme s'il arrêtait l'arbre en cour de rotation afin que le lève fil "arrache" celui-ci du crochet par le biais de son "énorme " tire fil et avant que le crochet fasse le tour complet et emporte le fil. Il n'arrête pas, le crochet mais son léger recul provoqué par l'engrenage "en forme de secteur", pendant que l'ensemble de l'arbre tourne, semble le figer sur place un court instant.

Il va sans dire que tout cela est très minutieusement réglé. Tout se règle, crochet, came de griffes d'entrainement, came de lève tige d'aiguille et de tire fil… tout était déréglé!

Toutes les rotatives ont du se confronter à ce problème. Elles sont étudiées pour tourner vite, il faut donc aménager un temps mort pour que le fil soit ôté du crochet et ne refasse pas encore un tour. Des tours, il n'en fera pas beaucoup car il s'enroulera autour du crochet et tout sera vite bloqué (je confirme, c'est du vécu!).

Sur les Hurtu A de Parisienne ou Lachenaude le système a "évolué". Il a été simplifié et surement rendu plus solide. J'aimerai bien les étudier pour voir comment Hurtu a procédé… je vais regarder, aussi, mes autres rotatives pour déterminer quelle solution semble avoir trouvé Wheeler & Wilson sur ses machines qui fonctionnent très bien)


Le système me semble fragile, en effet, car le premier problème rencontré sur ma machine sont les dents de l'engrenage en éventail, en partie cassées)


Un deuxième problème : l'arbre est tordu avant le volant (il a même cassé un bord de son guide.

Cette machine a été maltraitée.

Je la remonte pour étudier son mécanisme et sa mise en œuvre mais il sera difficile de la faire coudre car la cuvette de crochet frotte de ce fait sur le joli porte canette et coince le fil.


La machine n'avait pas son ressort du système de mise en mouvement des griffes d'entrainement. J'ai des ressorts "chinois" de toutes les tailles pour mes calculettes.

Le serre aiguille demande du diamètre 1,80 mm, j'ai donc adapté des 135x17 (comme pour la Tschiemer). Les 43,5 mm de long semblent convenir. J'ai synchronisé le crochet et réglé l'affleurement (la cuvette de crochet glisse en longueur sur son axe). Le crochet "emporte" bien la boucle du fil d'aiguille.

Je n'avais pas la notice mais je me suis fait une idée de l'enfilage. Comme j'ai réussi à nettoyer les microscopique poulies des guides fils (deux pour le tire fil, deux autres pour les guides de tête) le fil coulisse bien.



Pour la photo définitive j'ai remis le bloc de tension "à poulie" d'origine mais pour des essais de couture, j'ai mes doubles coupelles et un ressort à spires qui fonctionnent mieux. Le ressort de sécateur d'origine est figé et absolument pas progressif.

J'ai fait une canette avec le bobineur à manivelle (offert par Lachenaude).

Le passage du fil de canette me semble intuitif : un guide de sortie du porte canette et une lamelle ressort réglable entre deux trous pour régler la tension du fil canette. Cela fonctionne mais j'aimerais bien trouver un jour une notice pour voir ce qui est préconisé comme position du fil sortant

Je n'ai pas pu coudre car l'arbre principal tordu fait un balourd trop important et les dents d'engrenage cassées du système" retardateur" sautent lors d'un effort et bloquent la machine.

Il me faudra donc trouver un arbre principal identique ou essayer de redresser et refaire les quelques dents cassées à la brasure (là j'ai fait avec de la résine mais ça ne tiendra pas).

J'ai fait quelques raccords de peinture pour essayer de réduire la lèpre de rouille perforante qui rongeait toute la machine. J'ai essayé d'intégrer à mon rajout les restes de déco d'origine.

Pour la silhouette, je verrai si je finalise le rendu de surface et la décoration. Sur cette machine encore, Hurtu semble avoir peint un liseré rouge sur un premier liseré jaune. Il en restait des traces. Le trait d'origine me semblait "grossier" et fait à la main



Pour avoir une idée de la cinétique de la machine et de son système de retardateur de crochet, j'ai fait une vidéo "téléphone" mais tout cela sera à reprendre plus tard.


Pour adapter la Hurtu A à ma table de Hurtu P2 j'ai fait un socle. Le pédalier fonctionne. Seul le balourd du volant sur son arbre tordu rend le mouvement improbable.

Je suis en train de faire un socle très ajouré sur la partie basse pour poser la machine sur une étagère et pouvoir visualiser le mouvement du dessous. J'ai percé le volant pour pouvoir ajouter un maneton et mettre le mécanisme en mouvement quand elle sera sur l'étagère. Le balourd est imperceptible si on fait tourner la machine à la main.

Ce ne sera pas une machine de musée mais un outil didactique qui permettra de voir les tâtonnements techniques des personnes qui auront au siècle dernier fait évoluer nos jolies fontes…

Un joli sujet bien ficelé une fois de plus

Merci Simanco

Comme j'ai redonné sa table à la Hurtu P2, j'ai posé la Hurtu A sur une étagère avec les autres "vénérables".



Je reprendrai la machine si je trouve, un jour, un arbre en état à partir d'une machine du même type incomplète.

Là, si on fait "tourner" la machine avec le maneton installé sur le volant (exactement le même que celui déjà installé sur la P11), on peut déjà voir fonctionner le principe de cette "Machine à fil continu" qui aura essayé, avec ce nom farfelu, de contourner les copyrights des rotatives de son époque.

Quand les machines étaient côte à côte, j'ai remarqué que ces machines, trouvées sur Bordeaux, avaient été les deux canonisées à Rouen. Il doit y avoir un filon, là bas...

Finalement notre "Hurtu A" était en fait une machine rotative qui ne voulait pas dire son nom. Les américains sont très stricts quand à leurs brevets. Rapidement le système de retardateur de crochet, en fait concept nommé "Offset drive hook" que je traduis comme  "Entrainement de crochet décalé", a été rapidement remplacé par un système plus cohérent que je reprends à la fin du post. Hurtu a abandonné ses nouveautés et cinq ans plus tard a fabriqué, surement sous licence, une "Hurtu H".

Hurtu H

J'avais justement cette machine sur mes étagères depuis deux ans. A l'époque je découvrais les rotatives et prenait tout ce qui me passait sous la main à un prix raisonnable.

Justement le prix de cette machine était plus que raisonnable. Son état justifiait cela. Je l'avais prise par curiosité car à l'époque je n'avais que la Hurtu P11 et la marque me semblait intéressante.

Je suis revenu dessus dernièrement justement après avoir abordé, avec la Hurtu A, cette curiosité qu'est le "Offset drive hook". (Voir en fin de post.)

La forme reste originale. Nous ne sommes pas encore là sur le clone presque parfait de la Wheeler & Wilson D9 qui sera la référence de ce type de machines. Celle-ci garde encore la "french touch"!

C'est, encore là, le logo "Hurtu", plus moche que celui de ses antécédentes. (Le féminin de prédécesseur n'est pas encore clairement défini, je botte donc en touche!)

Gogo m'avait fait suivre ce bout de catalogue Hurtu où il est fait mention du modèle "H", peut-être celui de 1896.

En comparaison la "Moderne M2" est à 200 F.

Comme cette machine est très usée, pas question d'en faire un bibelot. Je demanderai juste qu'elle fonctionne. Elle gardera donc son style "Steampunk"… là encore ça m'arrange!

J'ai tout de même décrassé jusqu'au métal sans attaquer celui-ci. Partout des marques de vieillesse mais nous dirons que cela fait son charme.

J'avais fait une première photo pour mon catalogue de pièces, puis en remontant la machine, j'ai constaté qu'il manquait un bocal complet avec le bloc de tension et un guide fil… donc deuxième photo.

Lors du démontage, je mets tout par fonctions dans des bocaux en verre avec couvercle. C'est la meilleure façon, pour moi, de retrouver toutes les vis et ne pas trop les mélanger. Je photographie tout çà avant de démonter et je garde les images dans mon téléphone, à portée de main.

Il est à noter que l'on retrouve, ici aussi, dans ce bloc de tension les blocs Hurtu déjà vu sur les autres modèles antérieurs.

Rapidement, j'ai contrôlé la synchronisation avec l'aiguille montée d'origine, ici une 15x1 classique.

Si la synchronisation était bonne, il apparaitra plus tard, lors des essais, que ce n'est surement pas la bonne aiguille. La 15x1 force sur le guide de la tige et donne un mauvais angle à l'aiguille.

Cela reste bien une rotative à lunette.

La machine était complète. Heureusement car les dimensions sont différentes de mes autres canettes et porte canettes. (Un bocal, là encore)

Ici, le système "d'entrainement de crochet décalé" qui simplifie bien le principe abordé sur le modèle "A" du début de post.


J'ai installé la "H" sur ma "vieille" table de "Hurtu M2". C'est raccord. Ici on est plus dans la brocante que chez un antiquaire. J'aime!

Raccord également avec les autres machines du salon.
(Elles sont plus dispersées normalement mais je fais mes vidéos quand madame n'est pas là. Ce jour là, elle sauvait le monde (des retraités du Notariat) à Périgueux. Je me suis permis d'aménager un peu, momentanément, le salon pour les prises de vue. C'est pour moi un pur bonheur! J'aurais du être brocanteur!)


On retrouve sur cette "H" des détails Hurtu comme ce volant avec l'étoile de David.


Également ce bloc de tension qui est identique dans son principe à celui de la "M2"

Je rappelle qu'il faut faire, au niveau du bloc de tension,  un tour mort avec le fil autour de la poulie prise entre deux disques en feutre.

La même photo mais "capot" ouvert.

C'est du solide. Cela peut défier les ans… les siècles!

On voit que cette machine est bien sortie des mêmes ateliers que la Hurtu M2 . Elle mérite encore (peut-être) l'appellation, très suggestive, de "vrai Hurtu"!


J'ai enroulé une canette. On voit sur la vidéo, plus loin, que le système très simple d'éjection de canette pleine fonctionne très bien.


J'ai nettoyé, redressé et réglé le ressort plat de boîtier de canette… je n'ai rien cassé et rien perdu mais fait tomber plusieurs fois par terre, çà oui… ( J'avais mis, avant, un journal un peu froissé à mes pieds).



L'enfilage est comme sur les rotatives. Le fil passe de droite à gauche dans l'aiguille. Le volant tourne à l'inverse des machines classiques. On pousse d'avant en arrière sur la partie haute.

Elle a parfaitement cousu mais avant, il a fallu régler le problème de l'aiguille pour parfaire le point.



Il fallait une aiguille en 38/39 mm de longueur mais avec un talon de 1,8 mm, rond si possible.

J'ai cherché sur mon tableau Excel qui reprend tout ce que je possède en aiguilles et "bingo" j'avais!

C'était les "135croix5" (135x5 DPX5) que j'avais acheté (pour rien avais-je pensé alors) la semaine précédente pour ma "New England". Elles serviront pour ma "H"!

J'ai fait, juste pour le plaisir, une photo avec la lentille "macro" chinoise à 3€.

Ma vie de myope a changé avec cet accessoire… je photographie "tout" et j'agrandis!

Une vraie brocante!

J'ai fait une vidéo pour me souvenir de cette "Hurtu H".



Un rappel en fin de post : j'ai retardé l'écriture de mon intervention car je voulais d'abord mettre en "archive" (le forum sont mes archives… avec, bien sûr en plus, le riche apport de mes camarades) le traitement de ce sujet des "Offset drive hook" ou "Entrainement de crochet décalé".

https://lamachineacoudre.forumactif.org/t6664-offset-drive-hook-ou-entrainement-de-crochet-decale-de-simanco33

J'ai fait, également, une vidéo qui montre, un peu,  le principe.


Le sujet sera ainsi traité à part.

J'avoue qu'il m'intéresse beaucoup. J'avais depuis deux ans fait coudre plusieurs rotatives. Jamais je n'avais entrevu ce qui se tramait sous ces machines.

La méthode pour calculer tout çà et la genèse de l'invention m'intéresse aussi.

Comme quoi il y a bien toujours quelque chose à apprendre et découvrir sur ces machines en fonte… increvables!

Bonjour Simanco !

C'est toujours un régal de te lire, merci pour ce beau reportage, les machines sont toutes plus belles les unes que les autres !
Bientôt, il te faudra choisir entre le canapé ou les machines dans le salon...
J'adore tes ciseaux, trop beaux !!

La roue se lance et tourne "à l'envers", soit vers l'arrière, sur toutes les Hurtu ? (alors que sur beaucoup de machines, on tourne le volant vers l'avant, donc vers soi).

Beaucoup de rotatives ont ce sens de rotation inversé du volant. C'est même dangereux car si on coud avec le mauvais sens de rotation, c'est le "chagaillo" de fil assuré au crochet. C'est la raison qui explique le fait que, lors de mes essais pédalier, je lance le volant "à la main" pour ne pas partir dans le mauvais sens.

Sur la Wheeler & Wilson D9, il y a un détrompeur sur le pédalier (une came en bois qui glisse dans le bon sens et bloque dans le mauvais). Sur les W&W antérieures, "gerome" nous avait montré un système avec des billes de bois qui servaient justement à çà.

Comme il faut un contre-exemple à tout, la dernière rotative que je frotte en ce moment, une Excelsior "C" qui est une reprise des W&W 10, le sens de rotation est... "normal" alors que c'est une rotative "pur jus"! Il y a d'ailleurs un cliquet qui signale que nous n'avons pas pris le bon sens de rotation. Je devrai démonter pour voir pourquoi il ne "bloque" pas plus fermement...

On la voit sur ma photo d'ensemble, elle est dans le salon et attend son tour. Elle coud déjà très bien. Il faudra juste la décrasser un peu. A noter le volant est au raz de la table mais là aussi je lance à la main, cette fois vers moi...