La Singer 17 KSV15 de Simanco33

Suite à des échanges commerciaux faits, il y a un an, entre Néo Aquitains et Agenais de Villeneuve-sur-Lot, je me suis trouvé en possession d'une Singer 17KSV15. C'était ma première machine "canon", lourde comme une enclume mais "canon"!

Elle a été fabriquée en  1928 à Killbowe Ecosse (beaucoup de pièces sont cependant frappées "Simanco USA")


C'est une travailleuse qui va continuer à faire du "lourd", aussi, je n'ai pas usé de pièces juste pour un but esthétique. J'ai juste procédé à un nettoyage fonctionnel. Chaque micron de métal préservé et chaque dixième de jeu fonctionnel conservé seront des heures de travail, dans des conditions optimum, de gagnées.



Elle a la tête lourde, contrairement à la Singer 29K, elle ne tient pas sur son socle.

La poulie à double gorge est superbe!

On dirait un banjo… à une corde!

J'ai pioché dans mon stock de pièces de Singer 17 pour reconstituer bloc de tension et bobineur.

Presque toutes les pièces sont "frappées" USA (?)

Surprise lorsque je l'ai reprise en main! C'est bien une "presque" double entrainement… une "pied trainant" nous allons dire… un peu comme la Singer 31K47

(ici la Singer 31K47)

Quand j'avais rangé la machine dans l'atelier, il y a plus d'un an, je n'avais pas encore traité la 31K47. Je ne connaissais pas encore ce principe d'entrainement. Je ne pouvais pas faire le rapprochement.

Sur cette Singer 17KSV15 de 1928, le système est plus simple que celui de ma 31K47 qui est de 1941.

Il fonctionne, pourtant, d'une façon très similaire.

Lorsque les griffes d'entrainement poussent le tissu en arrière, le pied principal "suit". Quand le pied mobile "revient", un pied central plus fin, qui est en appui sur l'aiguille, serre le tissu pour qui ne revienne pas en avant. Sur la vidéo qui suit, on voit le principe et son fonctionnement.

Ce système nécessite un réglage précis de la hauteur des deux pieds, selon l'épaisseur du tissu et un réglage ajusté de la pression du pied.

Le pied mobile, au retour, claque sur sa butée et produit le son si caractéristique de la machine qui rappelle bien celui de la Singer 31K47… un peu le claquement d'une AK47… (sry)

Ce système "complexe" aide à entrainer les tissus qui poseraient problème avec un pied classique. Il est adapté à la couture des cuirs (légers) "glissants". Le tissu ou le" cuir sont entrainés par "pincement haut et bas" comme sur les machines à double entrainement.

Nous avions déjà traité, sur une autre page de forum, ce bloc de tension qui a  un système original, de séparation de coupelles, pour dégager le fil lors de la levée du pied de biche. (Je n'ai pas monté mon releveur de pied commandé normalement... par un câble relié à une pédale simple adaptée à une table à moteur sans pédalier. Je l'ai rangé comme accessoire possible)


J'ai repris quelques pièces de Singer 16K pour compléter le bloc de tension. Le ressort est un "chinois " moderne qui coûte trois sous et convient parfaitement.

La machine n'avait pas de boîtier de canette ni canette. C'est, en fait, une "bobine universelle" "14 h"


La Singer 17 existe, aussi, avec un crochet à petite bobine.


Avant de faire les essais de couture, j'ai vérifié la synchronisation, ce qui m'aura permis de confirmer que ce sont bien des aiguilles 287 WH qui conviennent (enfilage de gauche à droite). C'est parfait, j'en ai même en "22" ce qui me permettra d'essayer du gros fil


J'ai frotté un peu la table, à la découpe si particulière de ces machines à canon. La table est criblée de trous. Elle a la marque d'au moins deux machines différentes (une 29K?).

La 17KVS peut même trouver, ici, les perçages de deux positions décalées pour adapter la position par rapport à la courroie selon la rainure de volant utilisée.

Cette machine était montée, dernièrement, sur une table sans pédalier et avec moteur… Je ferai les deux montages (ou plus, même)…


Ella a cousu…

… et bien même… toujours avec ce cliquetis du pied "trainant" qui tape sur sa butée à chaque point (à voir et entendre sur la vidéo).

La machine a commencé à coudre au volant mais…

… je tenais à essayer mes nouveaux moteurs que je prépare pour mes autres "industrielles" (j'ai même plus gros mais ce n'est pas le but!)

En premier le LUXOR 220V qui accompagnait ma Meister 111.

Son deuxième support se fixe à une table avec deux poêliers de 6 mm (deux trous fixes de 6,5mm sur la table suffisent) et laisse le premier support réglable, fixé par quatre écrous  à oreille,  pour tendre la courroie du moteur.

(Je vais refaire son premier support d'origine qui est en chêne vermoulu. Je l'ai gardé car il permet de tendre la courroie sur 3 cm).

J'ai rangé la courroie cuir du pédalier sur le côté et accroché la chaîne de commande sur le pédalier, comme j'avais fait sur la Necchi RZG.

Le moteur a bien fonctionné (voir la vidéo).

Puis j'ai monté mon moteur de Singer 220 V "adaptable" porté par son support qui est fixé, lui aussi, avec deux poêliers de 6 mm. Ce n'est pas le moteur le plus adapté à ce type de machine mais j'avais ma petite idée.

Lui aussi a bien fonctionné (voir vidéo)

A noter que, pour mes essais, j'ai toujours privilégié la rainure de courroie extérieure beaucoup plus large que l'autre pour privilégier le couple à la vitesse.

J'ai ensuite concrétisé le vieux projet de monter ce type de machine industrielle, avec un moteur Singer, sur un support plat et lisse.

Cela permet d'avoir un usage de machine transportable, qui peut entrer dans le coffre d'une Clio. Il faut juste ajouter le câble "banane " Singer pour que la machine soit fonctionnelle "partout", juste à poser sur une table "normale" (voir vidéo).

Je vais bientôt la transporter, ainsi,  chez ma belle-sœur qui a une capote de bateau à coudre "sur place"… Juste une prise en 220V et une caisse comme table feront l'affaire. Je prendrai, des fois que, ma plaque de caoutchouc anti vibrations achetée chez Leroy Merlin (normalement pour poser sous les machines à laver).

J'ai compilé dans une vidéo "téléphone" l'ensemble des fonctions de cette machine que j'ai eu grand plaisir à refaire fonctionner.


Lors des essais, je n'ai pas fait de prouesses de couture car ce n'est pas le but (et ça m'arrange) mais je suis sûr, qu'après un court temps d'apprentissage, ce type de machine doit pouvoir faire du bon travail!

Les divers enseignements de cet essai me serviront pour mes autres industrielles à venir.

Pour donner une idée du travail réalisé pour remettre cette machine en route, je joins quelques photos de son arrivée à Villeneuve/Lot.
Il m'a fallu trouver un utilitaire suffisamment "haut" pour transporter la bête !!!!





Beau boulot, Maître Simanco !!!!!

Encore un joli compte rendu Simanco

Tu as de la chance de pouvoir travailler dehors, ici ce n'est pas dans les cartons ici, de - 3 à -5 ° il y a encore 2 jours et maxi 10° la journée

L'égalité entre départements n'est pas pour demain


@ Lachenaude: Démonté ça devrait tenir dans une Smart alors dans une Clio, aucun problème

Belle remise en état de fonctionnement.

J'ai revu ce matin, avec des yeux "neufs", ma vidéo postée hier soir. Le images me rappellent que ces machines industrielles ont une bien plus grande inertie à la rotation que les familiales. Cela leur donnent ainsi plus de puissance pour passer les épaisseurs. C'est pour cela que les moteurs électriques pour industrielles disposent d'un frein.

Le petit moteur Singer de familiale utilisés dans ce cadre ont tendance à continuer à coudre sur deux ou trois point alors que la pédale rhéostat a été coupée. Il faut arrêter à la main le volant... comme au pédalier, d'ailleurs.

L'usage de ce petit moteur est juste un dépannage pour rendre la machine plus facilement transportable pour un usage ponctuel sur site... Il faudra juste se rappeler qu'il faut arrêter le volant à la main pour avoir un arrêt précis du point.

Nos livreurs Aliex ont de longs vélos avec une caisse de transport poussée devant (ils arrivent ainsi de la chine?... c'est mieux que à pied, ofc). Voilà une idée à creuser : "couseur sur cuir" itinérants, avec prise 220 V ou... maneton de volant!

(Pascal, réalises-tu que cet essai c'est fait en extérieur sous 27° (!), 20 degrés à l'intérieur de la maison... un fin mars!)

Cela le fait également,dans une moindre mesure, sur certaines machines familiales anciennes, dont le volant pèse un tant soit peu, ce qui n'est plus le cas avec les modernes dont les volants en plastiques n'ont plus aucune inertie.

Cela a marqué la fin d'un usage de pédalier à partir d'une certaine taille de machine.

Ma Durkopp (aiguilles 6 cm) avait, à l'origine, un pédalier avec un volant de pédalier d'une vingtaine de kilogrammes... inarrêtable au pied!


Il fallait arc-bouter au volant pour freiner le point. Même un petit moteur industriel est limite.

Je vais mettre en fonction pour la Durkopp un gros moteur au frein plus conséquent.

Ce moteur serait disproportionné pour la Singer 17. Je vais le monter sur un pied industriel spécifique avec deux pédales (moteur / lève pied de biche) pour tester mes monstres (je pense à la Strobel à bain d'huile, entre autres).

Bizarrement ce gros moteur était installé sur un petit meuble de familiale (il rentrait juste, par contre, pas les genoux). Il fonctionnait sur une (petite) Singer  95K10 qui est la version courte de la Singer 96K, et était utilisée en usage... de familale!... sacrée familiale, je la traiterai plus tard avec les industrielles.

Je suppose que le frein est la pièce pointée par la flèche


Mais je ne comprends pas comment s'articule sa mise en friction avec la zone de contact

Quand le palonnier bascule vers le bas sous l'action du pied, ça relâche le frein et met le contact. Quand on relâche, un ressort de rappel le releve, coupe le contact et le frein arrête la poulie en quelques dizièmes de seconde. Un système vaguement similaire est utilisé sur les tronçonneuses électriques.

Pareil sur le "Luxor"... et beaucoup d'autres moteurs industriels.

@ Pascal, il a fallu dégager la machine du hall d'accueil d'une entreprise où elle était présentée.
Pas le temps de démonter quoi que ce soit, il a fallu la virer en 1/2 heure.
on fait pas des métiers faciles, des fois (pardon, en français, parfois)

Prochain coup arrive à 10h, au lieu de 11h30, tu sais qu'ils mangent à midi pile

Je viens de monter la "17" dans salon pour faire des housses, taille industrielle, pour protéger les machines à l'essai dans  le garage demi-couvert qui reçoit un peu les bourrasques de mars par vent de travers... (j'évoque pour expliquer...)

Dans ce garage je vais installer la Bernina 117 11K pour essayer sa longue table refaite et vérifier deux ou trois choses évoquées sur cette machine dans d'autres "posts".

La machine est bien transportable. Là je l'ai posée sur ma table pédalier W&W qui était encore dans le salon puis taillé une courroie. Elle fonctionne parfaitement et en silence. Madame peut continuer à lire pendant que je couds.

Je l'ai posée là sur ma plaque anti-vibrations... un plaisir à l'usage. Si besoin était je pourrais mettre une bride en bois vissée sous la table, comme ils faisaient sur la Tschiemer N3, pour souquer la machine au piétement mais elle m'a l'air de bien  tenir ainsi.

Encore de belles choses… elle coud super bien cette machine!

Bonjour Simanco33,
Merci pour ces infos. Excellent.

Suite à la demande qui m'as été faite de réparer une omnia zz de chez Manufrance, condensateur HS + courroie, j'ai fouillé dans ma cave.

Je pensais avoir une singer 17-31 en fait, seule la notice, que l'on m'a donné avec la machine, il y a un certain temps, est bien celle d'une Singer 17-31 appelée Darning Machine 17-31. Bien entendu elle est en anglais et un peu abîmée. Je vais voir en la scannant ce que cela donne, avant de la transmettre sur le site.

Elle a certainement son équivalente "française" !

Cordialement.

J'ai cousu "ma" bâche de bateau. Le beau-frère a préféré venir la porter à la maison. J'avais acheté pour l'occasion un des fils "UV" préconisé sur le forum sur le site "Au fil de vos idées". Ces fils sont solides mais assez difficiles à travailler. Il faut l'aiguille qui correspond parfaitement sinon il s'effilocher au passage du chas.


J'ai appris ce jour là qu'il était possible d'acheter des demi fermetures éclair. Ce sont de gros formats et à la couleur près elles s'adaptent sur la moitié non déchirée de l'ancienne pièce. Bizarrement sur ces bâches là, seulement une moitié semblait attaquée par les embruns. Vu le prix des fermetures, mon beau frère a préféré acheté que ce qui était nécessaire. Comme il semblait intéresse par la manœuvre, je vais peut-être lui préparer une Singer 44K pour mettre dans son hangar à bateaux.

Pour venir a la maison, tu penses à descendre Garonne, et virer babord à la sortie Aiguillon

Bonsoir amis des singer 17, en voici une assez caucasse, une 17-33 dans une caisse de transport avec tabouret intégré. De 1951 moteur triphasé

Voilà une machine pleine de mystère! Le pied pourrait sembler étudié pour de la broderie avec sont ressort mais il ne semble pas coulisser. Donc ce ressort est peut-être un protège doigts. La caisse simplifie le transport et le rangement mais ne doit pas simplifier le travail.  

C'est peut-être une machine qui équipait les "Soyouz" pour réparer les combinaisons lors des longs voyages...

La petite plateforme de travail et le couvercle du boîtier de canette sont intéressants.

Je suppose que la partie haute de la caisse devait pouvoir se retirer, il semble y avoir des loquets sur le côté.

Oui la partie haute a en effet des loquet, et la planche du devant doit etre refaite, elle était moisie.

@Simanco
la tienne a des griffes d'entrainement, celle-ci non, donc oui piqué libre... (Broderie est excessif)
Le ressort est juste une protection... pour les doigts aventureux

Exact, en effet, pas de griffes, la machine doit utiliser la fonction relève pied qui se fait automatiquement, pour soulever celui-ci après chaque point. Il doit falloir un sacré coup de main pour déplacer l'ouvrage juste ce qu'il faut à chaque fois... sur ce petit plan de travail!  Ce doit être prévu pour faire du travail qui nécessite de la force à l'aiguille... pour dessiner des motifs fantaisie sur des articles en cuir, par exemple?

Je vois également, autour et sur la caisse, d'autres machines de tout types. Encore un collectionneur de bizarreries... je vais montrer à madame qui ne comprends pas toujours ce que font une 96K, une Tschiemer dans le salon et une 17K avec sa copine  29K dans le garage, contre la Clio!