La Singer 96K51 et 95K10 de Simanco33

Je viens de finir ma saga des Singer 31K mais dans cette série, prévue de longue date, il me reste encore une machine.

( les "31" : https://lamachineacoudre.forumactif.org/t3978-les-singer-31k15-et-31k47-de-simanco33

Voici, encore, une de mes dernières "industrielles" en cours : la Singer 96K51.

C'est surtout une professionnelle plus qu'industrielle. Elle travaillait dans l'atelier d'un couturier.


Elle ressemble aux "31" mais la différence est importante. Les transmissions se font par engrenages métal sous carter d'huile, elle est plus grande et plus lourde et c'est surtout une rotative, avec crochet vertical dans l'axe de la machine.

Elle peut atteindre les 3500 points par minute lors du rodage puis accepter les 4000 pts/mn. A titre info la 31K15 accepte "seulement" 2500 pts/mn et la 31K47,  avec son pied qui traine, les 2000 pts/mn.

Comme mes essais je les ai faits sur une table pédalier, ces vitesses préconisées me laissent rêveur.


C'est une Anglaise (Killbowe, Ecosse) de 1951. Le "51" de la dénomination "96K51" correspondrait bizarrement à sa date de fabrication, un hasard sûrement (on me dira). La plaque Singer a le liseré noir des machines de 1950.


Beaucoup d'accessoires trouvés dans le tiroir de la table d'origine ne correspondent pas à la machine. Je fais toujours une photo lors des acquisitions pour me souvenir plus tard de l'origine de tous ces petits trésors (là, c'était plus chiche).

(photo du site de vente)
J'ai trié et j'ai donné la table à de bonnes œuvres.


Sur les photos floues des sites de vente, l'accessoire qui permet de la reconnaitre, par rapport aux "31", sera surtout le petit bras qui guide avec son petit bloc de tension le fil pour faire les canettes.


Autre différence, le volant extraordinairement petit. A 4000 points par minute il faut le moins possible d'inertie. On laisse au moteur le soin de freiner la machine.


On retrouve là aussi la classique tringle "Singer" pour relever le pied de biche avec le genou.


Le dessous est spartiate. Le carter d'huile du renvoi d'angle des engrenages peur se purger. Il se rempli à la "seringue" de mécanicien. Sur les sites américains,  j'ai vu qu'ils préconisaient l'huile de vaseline pure. Sewing nous confirmera.



Le crochet est standard. Il est vendu, neuf,  chez Aliex à un tout petit prix.


J'ai compté  35 points d'huilage plus 2 réservoirs à huile, un vrai plaisir!


J'ai vérifié la synchronisation du crochet. Cela permet aussi de vérifier si tout çà est bien aligné et si l'aiguille correspond bien.


J'avais commandé, entre temps, un porte bobine et des bobines acier et alu. Aliex les vend à des prix plus que raisonnable. Ces pièces ont des prix qui correspondent au pouvoir d'achat d'une multitude de pays en voie de développement et qui utilisent encore ces machines. Nous on en profite… et on s'en étonne.


Elle a, bien sûr, cousu. Elle a un bruit moins saccadé que les "31". Ce sont des engrenages et non des bielles.

Cette fois ci encore une vidéo, faite "comme à la maison",  pour rajouter une note kitch à la machine.


(Le tactac très énervant est fait par l'agrafe de courroie qui tape sur la table et la roue. Je n'ai toujours pas réglé ce problème. J'ai par contre un peu rattrapé le jeu de la bielle de pédalier, en bas, mais il reste du jeu au roulement de bielle)

Je vais me monter, bientôt,  une table avec moteur. La table Singer à grand volant ne laisse pas la place pour un moteur en dessous de table. Je prendrai peut-être le pied de la Necchi RZG mais avec un bois qui aura  une ouverture de courroie très large. J'envisage aussi de faire un renvoi avec démultiplication. J'ai les paliers et les poulies (chinoises, ofc).

J'ai encore beaucoup de belles professionnelles à vérifier. Elles auront besoin, elles, d'un moteur.

Je reprendrai à ce moment là mes grosses fontes noires Singer. Surtout cette 96K51 qui est bien sûr prévue pour fonctionner avec un moteur à de grandes vitesses.

Un dernier clin d'œil pour montrer le joli pied de la belle avec son beau logo.

Je ne vois que des tables dans le salon, pas de chaise ...

Merci Madame Simanco d'avoir laissé le canapé

4000 pt/min ? Waou !

Et sinon, tu couds debout, comme certains jouent du piano ?

Heu, les chaises aussi sont en fonte ou acier, chez moi les boussoles s'affolent... on les voit un peu derrière la dernière photo. Nous avions fait le décompte, bien que nous ne sommes que deux, nous pouvons faire assoir deux équipes de rugby à la maison... si vous êtes plus on peut pousser les tables (certaines doivent partir, il y a le temps, elles décorent bien).

Belle machine, simple, sobre et élégante à la fois.

4000 pts/mn... au pédalier ! mollets en béton en prévision, tu seras fin prêt pour le prochain Tour de France (et de Navarre) !... mais, à cette vitesse, il ne faut pas se rater dans les courbes ... en couture aussi !

Avec toutes tes industrielles, il ne te reste plus qu'à monter un vrai atelier couture... à l'ancienne, non dépendant de l'électricité (pas mal par les temps qui courent vu la flambée des prix de l'énergie !)

J'aime beaucoup le pédalier de la machine la plus à gauche, sur la photo dans le salon.

Oui avec une ligne d'arbres pleine de poulies au plafond... il me faudrait, en fait, habiter dans un moulin sur un bord de rivière...

Sur Pinterest ils connaissent mes goûts (c'est leur boulot, en fait) et ils me bombardent d'images comme celle là, ensuite, moi je fais comme je peux...

Ce matin j' ai ( un peu ) effrayé madame en lui montrant la photo de ton salon...

C' est marrant, il y a un de ces tensionneurs de bobineuse sur ma 31K15, et çà fait vraiment élément rapporté.

C'est marrant qu'ils aient à ce point bataillé pour installer cette pièce. La table en fer de ton post était bien remontée dans le Nord enneigé, chez Pascal. Celle de ma page en est une autre. J'ai installé le bobinoir long car c'était celui de grand-mère (disons, le même). Je trouve aussi très élégant les bobinoirs "bronze" en deux pièces.

Les "31" cousent très bien mais j'avoue qu'il me tarde de faire tourner cette "96" au moteur. Elle a le sifflement des rotatives et beaucoup de pêche à l'aiguille. Tout est tellement dimensionné que l'on peut faire sans craintes.

Il me faudrait faire aussi une de ces pattes que l'on voit sur la "31"monté dans une boîte de Sewing , avec un petit moteur sur le côté. Faire une 31 "portable"!.. je ferrai!

Pourquoi, ta "31" n'est pas dans ton salon?... Je crains que la mienne ne reste plus longtemps. J'avais le prétexte du post à faire mais là, je n'ai plus... le moteur sur le côté peut-être... Non, ok, même pas... bon, je range.

... Montre lui le bureau :

Le reste dans le garage pourtant...

Simanco33 a écrit:Oui avec une ligne d'arbres pleine de poulies au plafond... il me faudrait, en fait, habiter dans un moulin sur un bord de rivière...

Si les finances le permettaient je vivrai aussi dans un environnement de ce type...

Pour le bureau j' ai pas osé.  

Je repense en voyant la photo que mon premier salaire d'été, je l'ai obtenu à balayer les Grands Moulins de Bordeaux (filiale des Grands Moulins de Paris). C'était les années 70 (du XX siècle, voyons!) le moulin avait ses trémies commandées par ces lignes d'arbres sur tous les étage. Les planchers étaient en gros chêne comme sur un voilier. Nulle part du plastique, toutes les machines étaient d'acier, fonte et bois. On me donnait à balayer, toute la journée, la farine qui volait un peu partout puis passer un lave-pont imbibé de gasoil sur le plancher qui pendant quelques secondes était rutilant (et glissant). Séquence nostalgie qui explique, peut-être, le "pourquoi de cela"... (Ces petits boulots font que je suis retraité également de la caisse des agriculteurs... 9€ par mois. Ils ont fini par me racheter la pension et tout verser d'un coup, de quoi acheter une "15", pas la Citroën, voyons!)

super boulot
comme gritzner  je ne veux pas  effrayé madame en lui montrant la photo de ton salon  
elle a eu ce  pendant une période sa dose avec les Motos. ( pas dans le salon )
a l'époque j'ai construis un atelier pour la meca  + un autres pour les reste alors je te comprend

Des motos dans le salon, ah, si je pouvais!...

(images que Pinterest m'envoie souvent... pour que j'achète ce qu'ils me présentent autour)

La volonté  qu'il te faut 

xx

La 250 du "Che"! J'ai failli avoir au siècle dernier... Ce fut la Triumph Thunderbird 650 : magneto, boîte séparée et avance manuelle. Par contre j'ai toujours mon Cromwell gris et les lunettes Climax à facettes! Ma dernière fut la 500XT "Sabine" (en version 400). Chaque fois que je parle de machine à coudre à un proche, je "lapsuse " avec le mot... moto.

Ma Singer 96K... un gros mono bien gras!

Joli le Bureau ça fait envie....

Simanco33 a écrit:...

Le dessous est spartiate. Le carter d'huile du renvoi d'angle des engrenages peur se purger. Il se rempli à la "seringue" de mécanicien. Sur les sites américains,  j'ai vu qu'ils préconisaient l'huile de vaseline pure. Sewing nous confirmera.

...

Ils ne parlent pas d'huile sous carter mais de graisse !
Avec une pompe à graisse

graisse de vaseline

Sauf qu'une pompe à graisse cela s'emboite dans un embout il me semble et que sur le carter.. il n'y a pas...

Correctif pour la pompe :
lien
lien 2

et la version Musée pour Simanco33

Clysterium donare, postea saignare, ensuita purgare!

J'ai ces pompe(ette)s que j'utilisais pout ma moto. Je n'ai jamais utilisé pour les machines. Je tartine, par contre, la graisse verte lithium avec une spatule en bois.

Sur certaines machines avec pignons sous carter cela reste, pour moi, une question... Je pense que quand les carters ont une vis de purge et de niveau et sont montées avec un joint d'étanchéité, on huile. Je pense aussi que, en position étagère chez un collectionneur, on peut graisser mais que, pour un usage intensif en atelier, il vaut mieux huiler et purger régulièrement l'huile usée avec la poussière de métal.

Pour la Singer 96 au pédalier (hérésie, oui, je sais... mais quel pied!) la petite couche de graisse passée au doigt va suffire un temps. En atelier, au moteur et à 3000 tours, là, huile et vidange toutes les dix voiles (ah, ces voiles, quel mythe chez le "mécanophiles"*!)

*à valider!

du Molière dans le texte !

Pour les voiles, je suggère que tu fasses une visite dans une voilerie pour évacuer ce fantasme

La construction navale sur le "Bassin" ce sont surtout les "Pinasses", toutes en pin, ofc. Ils ne font plus à la voile.

En organisant mon Atelier j'ai exhumé une voile donnée pour essayer les machines (et assouvir le fantasme). J'ai déterré aussi une magnifique Durköpp (104?) avec des aiguilles en de 6mm (328LR) et un crochet "tonneau" (l'équivalent de la Singer 45). Dès que j'aurais retrouvé mes muscles des bras, suite au déménagement épique de mes machines,  je la poserai sur l'établi... que je dois d'abord fabriquer...

La machine aura une suite logique avec la Singer 96. Cette Durköp je ne la motoriserai pas. Elle était à l'origine posée sur un monstrueux pédalier qui rendait l'ensemble inarrêtable! J'ai vu la même avec un maneton (j'ai) monté  directement  sur l'immense volant (qui a deux rainures de taille différente)… je verrai.

La Singer 95K10 de Simanco33

Pour ne pas encombrer j'ai mis ma présentation à la suite de la Singer 96K51.

J'avais vu l'année dernière, sur un site de vente, une machine à vendre à 100 km de chez moi. La machine était pratiquement donnée. Une Singer dans un meuble fermé de "15" tout vermoulu. On voyait un bout de gros moteur. Je cherchais à l'époque un moteur plus trapu que celui des Singer familiales. J'ai fait le voyage.

En effet le moteur était énorme pour un tel meuble il remplissait toute la place du bas. La dame m'avait dit que sa mère cousait les rideaux avec… sacrés rideaux!


Sur le meuble, une "enclume"! Une Singer 95K10. J'avais déjà un autre monstre, la jolie rotative Singer 96K51, sa grande sœur. (J'ai également la Singer 44K qui a le même format que la "95" mais non rotative)

Là, j'avais la version "courte" : 17,5 mm x 40 mm.

On retrouvait bien le principe de la "96K" avec son guide fil pour faire les canettes au niveau de la tige de la bobine de fil (pratique pour reconnaître la silhouette sur une photo flous, oui çà existe!).

Sur celle-ci, il y avait un superbe bobineur solidement vissé sur l'arrière du bâti! En voilà une bonne idée, mes 31K et 44K en frétillent déjà  de joie!

La machine est de 1930. Elle est en très bon état… Increvables ces fontes noires!



Mécanique similaire à la Singer 96K vue au début du post.

La machine était dure à la rotation. C'était la graisse bien tassée dans son carter qui avait durci comme du vieux Nutella (qui serait, incroyablement, arrivé à être vieux).

J'ai démonté les carter (c'est périlleux pour celui du haut) et gratté puis nettoyé au pétrole.

… De beaux engrenages bien dimensionnés et bien usinés.

Ceux là pas de doute ils ne sont pas à huiler. J'ai mis de la bonne graisse molybdène.
(Pas aussi tassée que l'ancienne. Je pense que ce n'est pas judicieux de forcer à la pompe. Juste un petit rajout, la graisse en chauffant va aller partout et faire son travail sans forcer le mouvement)

Même type de guide avec son "huileur à mèche" que sur la "96".

J'ai nettoyé les pièces au pétrole et un peu lustré. Sur ces industrielles le micron de métal a de la valeur et se comptera en heures de travail.

J'ai soigné, en particulier, le solide, simple et efficace bloc de tension. Il ressemble à celui de toutes les industrielles Singer (16, 17, 44, 31, 96 et même 29).

Mais pourquoi ont-ils autant compliqué les blocs de tension des familiales… c'est si simple de faire du costaud et efficace!...

J'ai vérifié la synchronisation.


Si j'ai repris cette "95" qui dormait depuis un an au fond de l'atelier, c'est qu'il y a quinze jours, le copain de Blaye ma sorti une autre "95" qu'il venait d'acquérir. Comme je connaissais la "96", je lui ai dit : "pas de problème, je vais te la faire coudre, j'ai justement des aiguilles en 287WH"...

Surprise… trop long! J'ai vérifié la Synchro et en effet il y avait bien 4 mm d'aiguille en trop. De retour à la maison j'ai vérifié. Il faut sur cette machine des aiguilles 88x1. Ce sont des talons ronds de 1,6 mm de diamètre au talon et d'une longueur de 33.37 mm (pour 1,4 x 37,8 pour les 287WH).

J'ai commandé, j'ai été livré. J'ai donc repris ma "95" pour la finaliser.

C'est le même boîtier de canette et canettes industrielles que la 96K et autres rotatives industrielles (Minerva). On les trouve pour deux sous sur les sites Chinois. Ils sont de superbe qualité!


J'ai fait ma canette avec le si pratique bobineur.

… Pratique et astucieux car il va me permettre de revoir autrement le projet d'une industrielle transportable. Peut-être pas cette 95K car elle est vraiment lourde. Transportable, elle n'a pas besoin d'être rotative car elle ne coudra pas à des vitesses industrielles. Je pense plutôt à la Singer 44K qui est comme une "31K" mais courte comme cette "95".

J'ai enfilé la machine comme sur toutes les industrielles en fonte noires.


Puis j'ai cousu, au pédalier d'abord et pour dégommer un peu, avec mon moteur axillaire Singer.


Le point est… professionnel!

J'en ai profité pour mettre à côté la Singer 96K51 (de 1951 avec son  médaillon sur fond noir).



La grande et la petite sœur!...
J'ai également cousu avec la grande "96" que j'ai pu dégommer avec le moteur.

Je confirme, les machine avalent bien le tissu à très grande vitesse et sans sauter les points mais moi, je n'arrive pas à suivre. J'ai toujours l'impression qu'elle va me dévorer les doigts!

J'ai fait une méchante vidéo pour le forum et les quelques curieux qui viendront, peut-être, visiter nos locaux et que je salue, ici!



J'ai profité d'une accalmie dans la torpeur de l'été pour finaliser cette joli Singer 95K10. Elle partagera le garage avec la Clio quelques jours puis nous inviterons sa cousine des champs, la Singer 44K, pour utiliser l'adaptation faite sur la table industrielle pour ces formats hybrides et étudier la fabrication d'une "transportable".

Une belle mise ligne comme d'habitude