Le plastique c'est fantastique

Vous vous souvenez peut être de moi et de ma crainte des pièces en plastique?

J'avais ouvert un sujet avant Noël pour demander aux sages du forum quelles machines mécaniques existaient sans pièces plastique, qui puissent faire zigzag et coutures décoratives.

Et après vos conseils et quelques semaines de recherches, j'ai trouvé à des prix décents une singer 411g et une elna su62c.


La Elna a relativement peu de pièces en plastique, deux pignons et quelques bricoles seulement si j'ai bien compté.


Mais voilà, après trois utilisations sans rien faire de particulier:





Pignon de crochet en miettes.

J'ai déjà remplacé et remonté.






La pièce commandée n'était clairement pas d'origine, je ne sais pas qui la fabrique, mais c'est du delrin c'est plutôt propre et ça fait le taf.

Je m'étais évidemment trompé de diamètre intérieur du pignon, n'ayant pas de pied à coulisse sous la main à la maison, apparemment il y en a deux différents, j'ai commandé 7 et percé à 8.

J'ai mis un moment à comprendre qu'il fallait que l'aiguille remonte pour permettre au fil d'être attrapé m'enfin... Le pied appuie sur le tissus, le tissus pince le fil sur l'aiguille, l'aiguille remonte et là, le fil se détend... Et LÀ forme une boucle qui est attrapée par le crochet, mais pas avant.

À part ça c'était assez facile.

Puis j'ai littéralement noyé tout ça dans l'huile, deux ou trois fois.

J'ai aussi commandé de quoi essayer de fabriquer moi même des pignons pour faire joujou même si je n'ai pas vraiment les machines qu'il faut. La même en laiton ce serait super.


Pour revenir au problème, j'avais pourtant déjà bien huilé cet endroit avant, au moment de la réception de la machine, qui semblait nickel et n'avoir pas fonctionné depuis très longtemps.

Comment ça a pu éclater si facilement?
Un fil qui coince dans le crochet peut suffire?

Au remontage, en testant les fonctions, je me suis aperçu qu'il était assez facile de coincer le fil de l'aiguille dans le mécanisme de crochet en faisant de fausses manipulations.

Coinçages qui font très clairement forcer la machine.

Je rappelle, si jamais, que je ne couds pas, c'est ma compagne qui s'en sert.

Bonjour,
Pour la casse, deux pistes :
1) une fissure due à de précédents abus.
2) de l'huile sur le pignon en plastique.
Si tu huiles ce qui n'est pas destiné à être huilé et avec une huile qui peut potentiellement attaquer le plastique, ça donne ce résultat. Il faut penser que les plastiques de 2024 n'ont pas grand chose à voir avec ceux de 1960~70...
Enfin, le choix du plastique est très très intelligent et une très belle solution technique.
a) ça diminue le bruit fortement
b) cela n'oblige pas à huiler tous les jours un point où la pression est élevée (dentures oblique avec peu de dents en contact)
c) cela dure bien plus longtemps que les pignons en laiton ou en acier (à cause de la pression sur denture) *
Moralité : Ne HUILE PAS CE PIGNON maintenant que tu l'as remplacé à moins que tu veuille le changer à nouveau bientôt ...
Après, c'est vous qui voyez


* : Rollei a produit un appareil photo miniature, le Rollei 35. Ceci dans deux usines, l'usine historique en Allemagne et une nouvelle usine à Singapour.  Pour des raisons historiques, l'usine d'Allemagne a produit les Rollei 35 avec des pignons en laiton dedans. L'usine de Singapour, elle a produit ses 35 avec des pignons en nylon dedans. Cherche. On ne trouve plus de Rollei 35 avec pignons en métal Made in Germany. Mais il y a pléthore de Rollei 35 Made in Singapore. CQFD.

Certes, pour un Rollei 35, je ne dis pas (tu connais Thierry?... il collectionne les vieux appareils photo) mais pour la dizaine de machines à coudre dont j'ai du chatouiller les pignons pour les intégrer à ma collection que de complications!

Je suis bien content que ma Brunsviga centenaire (machine à calculer) ne soit conçue qu'avec des pièces en métal. Cela lui permet de fonctionner, plus de cent ans plus tard, comme au premier jour alors qu'elle a été "oubliée" dans sa rouille pendant plusieurs générations.

(et encore on ne voit pas l'intérieur des roues d'Hodhner avec ses minuscules pièces en cuivre)

(Grimme Natalis & Co a aussi fait des machines à coudre)

Mais comme on nous disait à Mont louis, le plastique a aussi ses utilités. C'est aujourd'hui, surement, le matériau le plus utilisé pour nos objets communs.

Nos vieilles fontes sont hors du commun...

Gzotor a écrit: La même en laiton ce serait super.

En bronze serait encore mieux et de même couleur

Concernant les avantages plastique/laiton j'ai de vagues idées.

Seulement le laiton n'a pas tendance à exploser par hasard au moindre courant d'air, je préfère une machine qui serre en cas de blocage et que je dois lubrifier régulièrement qu'un pignon qui explose.

Aussi, le delrin est sensé supporter largement la lubrification, c'est un plastique utilisé par exemple à l'intérieur des carburateurs pour les pièces en plastique, ça ne m'inquiète pas, il résiste très mal aux acides mais ça n'a pas d'importance ici.

Un matériau assez dur, bonne résistance aux frottements, et aux hydrocarbures, mais sur le papier le laiton l'enterre sur a peu près toutes les valeurs de résistances mécaniques appliquées à un pignon, sauf le coefficient de frottement, qui n'est pas vraiment un problème si on lubrifie.


Le delrin étant inventé/decouvert en 1960 je ne suis pas surpris de voir que les fabricants de machines a coudre aient commencé à utiliser des pignons en plastique dans ces années là, pignons probablement taillés dans ce matériau.


Dans l'appareil photo nommé, je ne peux pas dire, je ne connais pas le domaine, je ne sais pas à quoi sert la pignonnerie à l'intérieur ni la charge qu'elle supporte, il y a des applications ou le plastique s'intègre très bien.


Sur la elna, c'est une charge continue mais finalement assez faible tant que le crochet ne serre pas avec par exemple, un fil qui coince.

Et il suffit de peu pour faire éclater le pignon apparemment.


J'ai un contre exemple à l'appareil photo d'ailleurs, une Merrow des années 50, pignonnerie (certe pas hélicoidale) acier/acier, paliers acier/fonte/ leviers et crochets acier/acier/fonte, pompe a huile intégrée.

La machine a clairement tourné et est à peine rodée.


De la fonte d'acier, de l'acier, de l'huile, et en avant.




Concernant le bronze je ne pourrai probablement pas, c'est trop dur pour mes pauvres outils.
Et le laiton, c'est pas sûr non plus, je vais m'entraîner sur du delrin d'abord.

Le temps de réfléchir à une solution pour fabriquer des pignons hélicoïdaux moi-même:





Celui-ci je l'ai cassé moi même, en forçant un peu j'avoue, ça a fait un bruit de chips.

Bon celui-ci aura droit à sa version en laiton 100% garanti

Bonjour

deux observations :
- sur une 62 lorsque tu emploies une came double et que donc la molette de longueur de point est sur "A" rouge il ne faut JAMAIS utiliser le levier de marche arrière sinon ce pignon à la base de l'elnagraph casse dans la foulée. Ce n'est pas marqué dans le manuel mais c'est répétable et démontrable...et ça a été testé par plein d'utilisateurs
- sur une 500 (le modèle d'après la 62) j'ai un jour dû remplacer ce pignon cassé...sauf qu'il coûte deux fois le prix de celui de la 62. Bref 40€ + 10jours pour venir d'asie, je me fais le mien...tant qu'à faire, en métal. Je graisse je remonte, la bécane fonctionne mais avec un raffut de fin du monde! J'en refais un en delrin (heureusement j'avais pas démonté le diviseur) je récupère un silence de fonctionnement royal.

antoine

Merci pour ces informations précieuses!

J'ai une question cependant, pour sortir ce pignon c'est tout de même un sacré bordel vu qu'il faut démonter la moitié de la machine, et ce juste à cause du fait que l'arbre supérieur passe au centre de la platine porte cames.

Ma question est, est-ce que la platine construite de la sorte, avec une boucle autour de l'arbre, a une autre fonction que de nous pourrir la vie?

Parce que je me vois bien faire sauter la boucle qui passe sous l'arbre à la disqueuse, mais qui sait, peut-être que la pièce a un besoin particulier d'être surdimensionnée juste ici (ce dont je doute fortement)

la disqueuse? oublie
les gens qui ont conçu ce genre de machine n'ont pas mis ça la pour se faire plaisir. Quand tu vois la matière sur l'arche supérieure et surtout l'axe en porte-à-faux qui est planté dedans, c'est évident que si tu ouvres par le bas tu vas plier ou casser la pièce sous les efforts ramenés par cet axe.
de toute façon, quand tu es parti pour changer ce pignon (une fois tous les 40 ans) tirer l'axe, tu n'en es plus à ça près, c'est négligeable par rapport aux re-réglages à effectuer etc.

antoine

Moui en effet, j'avais pas regardé précisément mais la platine est bien anémique au dessus.

Tant pis!

J'ai fini!














Au début je n'arrivais pas à comprendre comment un pignon en métal pouvait faire du bruit avec une vis sans fin...

Donc j'en ai fait un.

Mais je n'avais pas pris en compte la façon de fonctionner du système de zigzag.

Le bruit survient quand la machine est en fonction, quand le palpeur de la came appuie sur la came, il induit une force qui se transmet à la pignonnerie en dessous.

Et selon le jeu d'engrenage disponible et l'orientation de cette force par rapport à celui-ci, la came va être poussée par le doigt palpeur et rattraper ce jeu, assez sèchement, ce qui produit ce bruit.

La force provient du gros ressort de l'axe de l'aiguille, qui le tire vers la gauche.

En cas de couture droite, aucun bruit, en cas de zigzag, un bruit un coup sur deux.

En fait, à chaque fois que l'aiguille se déplace vers la gauche - donc que le palpeur descend un pente sur la came - la came se déplace un peu plus vite que ce qu'elle devrait car le jeu d'engrenage le permet.

Le bruit vient du pignon qui cogne sur la vis sans fin.

Ce qui est étonnant c'est que sur le pignon en plastique j'avais un jeu tout à fait similaire de mémoire, et en effet je ne me souviens pas d'un bruit.

(Si vous comprenez ce que je veux dire et que vous avez cette machine, j'aimerais beaucoup que vous regardiez si vous avez un jeu d'engrenage d'origine)

Pour supprimer le bruit il faudrait réaliser un pignon qui puisse fonctionner parfaitement quasiment sans jeu, ce qui est techniquement très difficile sans plan et côtes très précises.

Toutefois ça n'empêche pas le point le plus important de fonctionner a la perfection (ici réglé approximativement):





Ici la boutonnière automatique:





Ah, et tout ça après que cette machine ait mangé le bord d'un trottoir à cause de cette SALOPERIE DE VALISE DE MERDE qui s'est ouverte au bout de cinquante mètres.

J'avais l'air fin à ramasser les accessoires au milieu de la rue.

La peinture a pris, heureusement derrière, et la vis la plus fine des deux s'est cassée net, si vous en avez une qui traîne...