Clémens Müller N°5 de simanco33

Le Chat m'avait parlé de navettes transversales, Thierry des engrenages de la 12K et pan!... dans un bon coin des Landes je trouve une presque 12K avec navette transversale. Celle-ci n'a jamais traversé le Chanel mais c'est tout de même une N°5, une Clemens Müller N°5 qui fleure bon la Prusse. Le couvercle avec sa clé est magnifique, bien carrée. Il contraste avec la plaque de machine en forme de violon. La machine est parfaitement usinée (comme mon Excelsior). Elle était complète avec navette et aiguilles dans une boîte en bois fixée dans le couvercle.

La poignée de manivelle est en faïence blanche. Sur la boîte support il y a un mètre en marquèterie. Il manque la plaque de machine qui faisait d'après les photos très Teuton. Fallait oser posséder çà en France après les guerres de 70, de 14 et de 45. Avec "machine N°5" marqué dessus elle pouvait passer pour une coco parisienne…

(Reproduction car pas de plaque sur ma machine)

Il y avait dans la boîte plein d'accessoires qui ne me semblaient pas d'origine vu la qualité médiocre de la fabrication. Ce n'est pas du Simanco!... Puis j'ai vu une page de Thierry qui montrait à peu prêt les mêmes. Ce serait donc des "vrais". J'en ferrai un catalogue plus tard.

Quelques mesures...

J'ai mesuré l'aiguille qui était (mal) montée. Les deux aiguilles de la petite boîte ronde étaient plus longues.

J'ai repéré la position de l'aiguille rainure devant, enfilage de l'avant vers l'arrière donc (logique). De toute façon il y a la marque sur le bras d'aiguille donc je monterai mes 1014 plus larges et plus longues qui ont bien fonctionné sur mon Aurore.

J'ai trempé tout çà dans le pétrole. J'ai fait tourner, tout marchait. J'ai démonté et nettoyé… J'ai essayé de comprendre comment tout cela fonctionnait (c'est là le premier but de ma démarche).

(tien!... on dirait le logo de Lilles)… le système de tension est astucieux, la molette fait descendre une pointe qui appui plus ou moins sur la lame de ressort qui presse les deux disque serre-fil. J'ai contrôlé : ça fonctionne…

… oui des engrenages…comme la 12k… et pas du tout rares comme j'avais cru au départ…

J'ai remonté, photographié, j'ai fait une canette et monté la navette…

a noter en tirant à fond la plaque de gauche un releveur éjecte automatiquement la navette.


j'ai enfilé comme montré sur le topo de la 12 de Thierry.

et… J'ai cousu!... tout fonctionne et cela ressemble bien à du bonheur!...



Le réglage à gauche fait des points de1mm mais la machine n'aime pas, tout vers la droite … elle bloque.
L'idéal c'est du "4", "5", là le point est régulier. J'ai fait quelques longueurs : pas de cloquage ni de point sauté.

La voilà donc prête pour l'étagère de la bibliothèque mais… une prise aérienne montre une horrible tache de rouille sur le dessus du corps de machine!... Je vu sur le topo de la Parisienne, page 4, comment Pascal rattrapait cela avec de la peinture noire et des liserés dorés donc, il n'y a plus qu'à…

Cette machine ressemble fort à la Frister & Rossmann de 1892 que Pascal vient de me rafraichir. La seule différence que je vois, c'est le lit qui est rectangulaire pour la Frister et violoné pour celle-ci.

Ja!... il y a même une "violon" :
http://www.sewmuse.co.uk/frister.htm
Je vois que pour toutes le "col" diffère un peu mais elles ont toutes un air de famille. C'est dans le détail ou l'usinage que parfois on trouvera des différences. Je ne sais pas comment, internationalement, fonctionnaient à l'époque les copyrights mais j'ai l'impression que tout le monde se copiait allègrement. De toute façon comme les pays étaient régulièrement une guerre ce n'était pas la peine de … batailler.

Personnellement je n'aime pas la forme violon mais ... il m'en fallait une!...

Pareil pour les petites "circulaire", là aussi je cherche …

Il est vrai quand voyant les 1ère photos, je me suis dit: je connais cette machine

L' intérieur coffre possède une petite modif

ici une "caisse" à outils fixe à couvercle coulissant et la F la caisse est basculante sur 2 charnières

Pas une copie sauvage, une fabrication sous licence !

Je ne sais plus où j'ai lu ça, mais au tout début des machines à coudre, chaque constructeur avait son brevet, un le brevet de l'aiguille avec chas près de la pointe, un autre celui du crochet oscillant, etc... Impossible de fabriquer une machine fonctionnelle sans violer le(s) brevet(s) d'un ou plusieurs concurrents. Le génie d'Isaac Singer, c'est d'avoir réuni tout le monde pour proposer un "pot commun" de brevets permettant enfin de travailler et à la machine à coudre d'évoluer. Je suppose que de là a découlé la possibilité pour les Allemands de fabriquer des copies de Singer (et pour d'autres de copier des New Home ou des Howe).

Pour différencier les "12" Allemandes, il faut regarder la bobineuse de canettes, chacun avait son modèle.

Je me suis amusé à poser côte à côte ma Gritzner et ma Winselmann; de loin, identiques (sauf le volant, bien sûr, la Winselmann est une Saxonia). Mais pas une pièce de l'une n'irait sur l'autre, à part les pieds et navettes, provenant d'un manufacturier commun à tous (comme pour la menuiserie).

Je propose le prix Nobel de la paix à ce cher Isaac Singer. Quand en 36 ma grand-mère qui fuyait la guerre d'Espagne avec ses trois fille (le grand-père était resté là bas le fusil à la main) est arrivée à Bordeaux on lui a proposé une machine Singer à payer à crédits mais avec l'adresse du tailleur de quartier qui lui donnerai du travail pour la rembourser et … également subvenir aux besoins de sa famille.
Un site sur internet critique cette démarche "comment!... faire payer l'outil de production par l'ouvrier… c'était pourtant moderne, un peu déjà la démarche des auto-entrepreneurs mais de façon plus humaine, je trouve…

L'effet collatéral de cette épopée c'est que 80 ans plus tard, la deuxième génération cherche toujours où se cache la magie de ces machines en les achetant plus que de raison…

https://www.youtube.com/watch?v=-ax6bXjAABE

Simanco33 a écrit:
https://www.youtube.com/watch?v=-ax6bXjAABE

"La canette (...) va et vient et s'entrelace avec le fil de l'aiguille" Elle bouge pas, la canette, ma poule !

Et encore une vidéo qui rapporte la légende comme quoi Barthélémy Thimonnier aurait inventé la machine à coudre. Elle existait bien avant lui. Il serait le premier a en avoir commercialisé une, c'est pas pareil. Mais c'est bien franchouillard, tout ça.
Quand à dire que Singer lui a tout piqué, faut oser ! aucun point commun, même pas l'aiguille !

Bref, je n'aime pas trop cette vidéo !

Pour Singer, prix Nobel d'économie, surtout ! à la base ses machines n'avaient rien de plus que les concurrentes, c'est la méthode commerciale qui a fait la différence (et fait croire aux auteurs de la vidéo qu'il n'a existé que lui !)

... Je n'aime pas cette vidéo... Pour ce qui est du prix Nobel, çà, c'est de la chronique familliale... Ma grand-mère, ma mère, mes tantes ont toujours parlé de "la Singer" avec beaucoup de respect et reconnaissance... ils m'ont transmis... petit, elles me laissaient même l'entretenir après la disparition du grand-père... j'avais 5 /10 ans... j'avais oublié ... la rechute est arrivée à la retraite... ...Séquence nostalgie...

...

Dans le "NeedleBar Picture Library" Archive il est indiqué que le bobineur de canette a un endroit pour aiguiser les aiguilles, hors sur la photo, on ne le voit pas pas plus que sur ma machine lors de mon nettoyage. J'ai réalisé que dans la boîte de couvercle, avec les "outils allemands", il y avait bien une petite meule que j'avais mis de côté ne sachant pas ce qu'elle pouvait bien faire là. J'attrape, j'essaye de la fixer et là miracle elle trouve sa place! A votre avis c'est le (très) ancien utilisateur qui avait ajouté cela ou s'agit-il de la vraie meule d'origine?...





... d'où l'expication du cone à droite du bobineur (remouleur)...

J'adore ces machines!...

(à garder précieusement avec les autres outils, natürlich!)...

Intéressant ! La meule est emboitée sur le cône ? Comment est elle fixée ?

J'ai passé un temps fou à en chercher une (au moins en illustration !) c'est la première que j'en vois, et c'est sur ce forum !

Bravo pour la découverte !

Danke!... Le cone a une pente douce la meule se centre et se bloque en bout. Il n'y a pas de filetage en bout d'arbre. C'est monté en force il me semble. Je ne force pas et... j'utiliserai juste une fois car je ne veux pas la briser. Demain je l'étudierai sous toutes ses coutures (warrrf!)...

Ça c'est une trouvaille !
Elle ne se monte pas réellement en force c'est tout simplement ce qu'on appelle un emmanchement conique : le cône mâle et le femelle adhèrent naturellement l'un sur l'autre.

Et bien, j'en sais plus à présent enfin depuis hier soir


Je ne pense pas que la pierre soit percée coniquement, cela sert à affuter des aiguilles et non pas repasser des couteaux, donc pas d'effort  

Le perçage est droit, la pierre étant granuleuse, il suffit de peu de pression pour que ça coince

Pourquoi la conicité du support, faciliter la mise en place, et le perçage d'une pierre ne se fait pas au 10 ème non plus donc ça laisse une marge d'erreur dans le diamètre du trou

Je pense que ce ne doit pas être trop compliqué de trouver ce genre de petites pierre à meuler, voir repercer l'axe, par contre le souci est d'avoir une fine granulométrie