Excelsior "C" 1890 (Baer &Rempel "C" fabriquée par PA) de Simanco33

En octobre 2019, j'avais déjà traité une machine Excelsior (ma troisième fonte).

https://lamachineacoudre.forumactif.org/t1232-excelsior-p-class10-de-simanco33

Je disais à l'époque : "… C'est une Excelsior P class10  n° 1328610 de 1930 Fabriquée aux usines de Baer & Rempel à Bielefeld en Allemagne. Ces machines existent sous l'appellation  "Phoenix P" et "Teutonia B",  "Medium type". C'est une navette vibrante…"

Déjà quelques imprécisions apparaissaient sur ces allemandes reprises avec des noms différents pour s'adapter au marché de l'époque qui rebutait à négocier des machines fabriquées en Prusse. Excelsior sonnait "anglo-saxon" (il existait des machines anglaises nommées Excelsior). Phoenix était résolument connu, par ses productions, comme "teuton"!

Si, cinq ans après, je me suis attardé sur cette nouvelle Excelsior, c'est que j'avais reconnu sur la photo du site de vente une de ces structures mécaniques originales que je venais de traiter avec la "Hurtu A". J'étais curieux de voir un exemplaire de ce type de machine qui avait surement inspiré Hurtu.

La machine était complète mais le bois dans un état moyen. Les années avaient percé quelques trous!


Sur le Blog Callisto est résumée l'histoire de la marque Baer & Rempel qui semble  avoir inspiré cette Excelsior. Baer et Rempel qui lui-même s'inspirait, surtout au début,  des machines Wheeler & Wilson.

http://leblogdecallisto.blogspot.com/2019/01/phoenix-baer-rempel-bielefeld.html

... Carl Baer … en 1865 … s'associe à Rudolf Rempel afin de fonder une nouvelle société: la "Bielefeld Nähmaschinenfabriek Baer und Rempel". L'usine se trouve sur la Kleine Bahnhofstrasse. Les machines à coudre qui y sont produites sont, encore une fois, des répliques d'anciens modèles produits par la firme Wheeler & Wilson.
… Dès 1875, l'entreprise rencontre des difficultés financières. Sans compter que l'usine est détruite dans un incendie en 1879, ce qui amène Carl Baer à quitter l'entreprise, dont la direction est alors assurée par Max Rempel. Le premier modèle de machine "Phoenix", la Phoenix A, est créé en 1880 sur base d'un modèle Wheeler & Wilson à navette droite.
… entreprise rachetée par la firme Anker en 1958.

Sur l'excellent site Needlebar sont résumées les différences des 3 premiers modèles Baer&Rempel

http://needlebar.org/main/makers/germany/b/baerrempel/br.html

Le modèle "A" est un clone de Wheeler &Wilson 8, le modèle "B" de Wheeler &Wilson 10

Dont on voit ici une gravure d'époque.

Le modèle "C" serait le premier modèle "original" de Baer &Rempel.

On voit qu'il présente, encore, quelques ressemblances avec le modèle W&W 10.

Alors pourquoi "Excelsior"? Sous le châssis du modèle Baer & Rempel "A" de gogo_29 on voit bien les lettres "B&R" fondues dans la masse.

Sur l'Excelsior "C", qui semble autrement parfaitement identique au modèle B&R "C", sont notées les lettres "PA" pour  
"Petit et Arcencan" mécanicien d'Excelsior depuis 1884 (almanach du commerce).

C'est Gogo_29 qui m'a rapporté ces éléments. Il faudra trouver plus de précisions pour comprendre comment s'articulaient les relations entre Baer&Rempel et Excelsior.

Sur le site "www.naehmaschinenverzeichnis" on voit plusieurs photos de B&R "C".

https://www.naehmaschinenverzeichnis.de/verzeichnis-der-naehmaschinen/phoenix/

Les pièces et leurs marquages sont souvent identiques entre les deux productions.

A gauche l'Excelsior, à droite "B&R"

Au démontage on perçoit tout de suite l'originalité de ce type de machines


C'est ce tire-fil déjà rencontré sur mon Hurtu "A" qui avait attiré mon attention.

Lors des premiers essais, juste après l'achat, j'avais réalisé à quel point la machine me semblait douce et équilibrée. Elle était très bien fabriquée (Comme mon Excelsior "vibrante" évoquée plus haut)!

Les  galets de came sont en forme de Bille!

Le système de crochet est de type W&W.

Ici on voit le mécanisme d'entrainement des griffes et réglage du point.

C'est cette machine, entre autre, qui m'a fait me pencher sur les dispositifs "Offset drive hook", soit "entrainement de crochet décalé", des machines rotatives. Ce système a pour but de "moduler" la vitesse angulaire du crochet pour ne pas manquer la boucle de fil d'aiguille. Sans ce dispositif, le crochet fait son tour trop vite. Il faudra, plus tard, avoir recours à des systèmes à engrenages pour ralentir ce crochet.

J'ai traité à part ces dispositifs sur cette page :

https://lamachineacoudre.forumactif.org/t6664-offset-drive-hook-ou-entrainement-de-crochet-decale-de-simanco33

A noter le galet carré qui appui sur la came des griffes d'entrainement fait également office de détrompeur de sens de rotation du volant. Le méplat de la came "bloque" le galet carré, tout du moins signale, si la machine est tournée dans le mauvais sens. En effet il n'est pas conseillé sur ces rotatives de tourner le volant au pédalier dans le mauvais sens car cela entortille le fil autour du crochet et c'est… très embêtant!

Souvent le sens de rotation des rotatives est inversé.

Dans le cas de cette machine rotative… non, c'est le sens "normal" : le haut du volant vers soi!

Des plaques chromées sont un peu "piquées".


La plaque de canette porte des correspondances entre fil et aiguille.

Là aussi un choix est à faire : ou on laisse le chromage / nickelage d'origine avec ses marques du temps ou on ponce à fond, quitte à changer l'aspect d'origine.

A noter, le réglage de la hauteur des griffes se règle à partir de la vis centrale entre les deux vis de fixation de la griffe d'entrainement (comme sur la Hurtu H).


On retrouve le numéro de série dans différents endroits de la machine. Le numéro semble cohérent avec la liste "B&R" soit : "1880- 65000- 1892- 125000". Ce modèle "C" a le N° 120031 donc 1890 est cohérent. J'imagine que pendant ce temps "Petit et Arcencan" n'avait pas fait 120 000 machines…

Le bobineur se bloque par un ressort interne en position contre le volant et fonctionne parfaitement. Je ne sais pas si la roue en caoutchouc a 130 ans mais comme elle accroche parfaitement, je n'ai même pas nettoyé sa jolie patine cirée séculaire!

Le bloc se démonte et laisse apparaitre l'entrainement le la bielle d'aiguille.

Le bloc de tension est du type "poulie entre deux disque de feutre" et pression réglé par écrou / ressort.

Les feutres sont présents mais coupé au raz. Je ne les ai pas changés. Ils sont parfaits!

Comme c'est maintenant pour moi le cas sur mes nouvelles acquisitions, je nettoie juste et laisse la patine. Je veux juste que les machines fonctionnent et gardent un aspect "Antiquaire" au pire… "Brocanteur". Les personnes qui hériteront de ces machines  pousseront plus loin la restauration si elles le souhaitent, moi je les trouve magnifiques ainsi ! Elles ont de la patine… moi aussi!

Ce choix (qui m'arrange) fait également suite à la profusion d'images de machines "extraordinaires" produites en IA (Intelligence artificielle) que je rencontre maintenant souvent. Comme nos peintres impressionnistes lors de l'invention de la photographie, j'apprécie de plus en plus la sensation de "réel" des choses, même et souvent grâce à de petits défauts apparents… Cela reste un choix personnel…

J'ai enroulé une canette "lenticulaire" (la machine avait son porte canette et trois canettes que j'ai, tout de même, un peu lustrées)

La main en bois est là pour montrer le principe. Sur la vidéo on verra la vraie main. Le passage du fil est improbable sur la photo mais pourquoi pas…

A noter sur la vidéo on voit que je n'ai pas pensé à débrayer le volant. Le dispositif fonctionne bien même si son accès reste difficile avec la table. Il faudrait ôter la courroie de la grande roue, basculer un peu la machine, la poser sur son support, débrayer et refaire l'opération dans l'autre sens une fois la canette enroulée. Des mains plus souples arriveraient à le faire sans basculer la machine, les miennes qui ne sont plus souples… non!


J'ai bataillé pour l'enfilage.

Sur le site "needlebar" on montre un enfilage de B&R "C" conforme avec la notice de la W&W" 10.
http://needlebar.org/main/makers/germany/b/baerrempel/phoenixc/index.html

A noter, le fil fait un tour mort complet sur le disque du bloc de tension.

Sur le site : https://www.naehmaschinenverzeichnis.de/verzeichnis-der-naehmaschinen/phoenix/

Un enfilage improbable mais…  ma foi, s'il fonctionne.


On remarquera les deux marques sur la tige d'aiguille. Elles correspondent au point mots bas et au point de synchronisation du crochet (et indirectement de l'aiguille). Il faut mettre le repère "à fleur" du bâti du guide de tige d'aiguille inférieur en partie basse.

C'est ces repères qui m'ont permis de confirmer que, dans le lot d'une dizaine d'aiguilles qui accompagnaient la machine, deux seules correspondaient au modèle "C".

Les dimensions des deux bonnes aiguilles "d'origine" qui accompagnaient ma machine sont 42,7 mm de longueur talon/pointe, talon rond de diamètre 1,7 mm.

Celles qui approchent le plus dans ma boîte à aiguilles sont les 135x17 (je les avais utilisées pour mon ancienne inconnue "Richard Knoch")

La machine a ainsi cousu. Au fur et à mesure du rodage elle était de plus en plus douce et précise. On sent qu'elle pourrait coudre des dizaines de mètres linéaires.


Sur la vidéo on voit que j'aurais du un peu plus serrer le bloc de tension. Je ne l'ai vu que sur l'écran. En situation,  je n'ai vu que du jaune en haut et du rouge en bas

J'ai fait quelques vues pour mes archives de cette jolie machine plus que centenaire.

Le piétement a son emplacement pour la burette d'huile.


A noter, là encore le logo de la marque se lit dos à la machine. L'utilisateur le voit à l'envers.



J'ai fait une vidéo d'ensemble pour me souvenir.


La machine restera quelque temps dans le salon. Il faudra que je lui fabrique un support en bois pour pouvoir la ranger sur l'étagère avec les vénérables.

Je ne cherche rien mais je trouverai bien un jour, par inadvertance, les versions originales Wheeler &Wilson 8 et 10 de ces jolis modèles de machine!

Voilà une très belle machine, qui a un son très agréable à la couture. On dirait un tic-tac des vieilles horloges... (juste un peu plus rapide !) j'aime beaucoup !
Quelle fonction a le trou sur le plateau bois à gauche de la tête de machine ?

C'est le trou qui permet de soulever le couvercle de ma cachette à chiffons... non, je plaisante! Sur beaucoup de tables de rotatives et cela depuis les premières Wheeler & Wilson, les tables avaient un dégagement à gauche du crochet pour accéder plus facilement à la mise en place du boîtier de canette avec sa canette. L'emplacement est prévu large. Cet emplacement reprend souvent ce type d'aspect. Le trou pour soulever avec le doigt le couvercle est souvent bien travaillé. La pièce est élégante et bien fabriquée, elle est souvent faite d'un bois différent de la table. Je serais curieux de savoir si cet élément n'était pas fabriqué en série par des ateliers qui se seraient spécialisés dans cette tâche.


(On voit que le rebord recourbé de la plaque de canette oblige à enlever le couvercle de trappe pour l'enlever.)

Je plaisantais sur le fait que je range mes chiffons du moment avec, par exemple, celui de l'encaustique mais je suppose que ce logement, prévu vaste, a du souvent être utilisé pour ranger des "trucs". Sur ma table, qui n'a pas de tiroirs, j'ai trouvé trois canettes et plusieurs aiguilles dont deux qui "allaient bien".

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t54180295d/f21.item.r=baer%20&%20rempelcoudre

Premier lien qui confirme une appartenance de Excelcior a Baer & Rempel

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t54180295d/f23.item.r=baer%20&%20rempelcoudre
Et le deuxième, la suite du premier 2 pages plus loin

Merci gogo_29! C'est vraiment des mines d'or ces pages Gallica!

Le texte de la revue "Cycle et automobile industriel" du 28 septembre 1913 en synthèse donne :




... avec entre l'image 1 et 2 une publicité de la marque :


La marque "Excelsior" d'après ces pages d'époque est bien présenté comme filiale de Baer & Rempel.

Il faudrait trouver des éléments sur PA...

Merci Simanco pour ces précisions, très astucieux cette trappe, au moins il y a un bel espace pour accéder au logement crochet/canette (pas comme nombre de machines à crochet vertical où l'on peine à passer deux doigts avec le boîtier canette).
L'ensemble est bien étudié.

Tu disais Lilique : "qui a un son très agréable à la couture". Le son original est en effet magnifique mais mal rendu par les vidéos du téléphone. Ces appareils rendent un son "très dur", avec peu "d'harmoniques". C'est pour rendre audible la parole dans les films tournés dans la rue. Ils ne rendent pas le son équilibré et plus subtil de ces vieilles fontes. Il faut imaginer que chaque pièce qui frotte ou qui frappe fait sa propre vibration. L'ensemble est plus "onctueux" et plus harmonieux que le son rendu par nos petits appareils de téléphone à qui on demande parfois trop.

Je pense, cependant, qu'il faut garder la simplicité de ces vidéos faites maison. Ce sont juste des appoints que l'on fait entre nous amateurs du forum. Ils faut qu'ils gardent leur spontanéité de l'action...

C'est sûr que rien ne vaut l'appréciation en direct !

Bonjour,
En regardant les photos, j'ai reconnu le même coffre en bois que celui de ma Vigneron n°3, avec son système "anti-vol" interne avec un morceau de bois qui vient se caler sous le bras de la machine (https://lamachineacoudre.forumactif.org/t2711p50-machine-h-vigneron-n3#30059). D'ailleurs, au départ, Vigneron était revendeur Wheeler and Wilson (https://lamachineacoudre.forumactif.org/t2711p50-machine-h-vigneron-n3#30039).
Une recherche sur Gallica m'a permis de retrouver une publicité pour la Vigneron 3 avec mention de l'Excelsior (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4354708v/f4.item.r=(prOx:%20%22machine%22%203%20%22excelsior%22).zoom)

Un nom qui ressort aussi accolé à Excelsior, c'est Hachée, plutôt dans les années 30, mais je n'ai pas encore trouvé de détails. Cela semble être un revendeur qui était au 104 avenue Sébastopol à Paris et qui pourrait avoir succédé à Petit et Arcenam qu'on trouve à la même adresse fin 19e (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k486633d/f175.image.r=?rk=321890;0).

Non Léon Haché est le représentant de la marque Excelsior. Et est déjà présent en 1880 je mettrai plus de détails tout a l'heure

Oui, très bien, sur le document de 1891 de Corinne il y a bien confirmation de Petit Arcencam comme revendeur Excelsior Boulevard Sébastopol

Par contre si vous savez ce qu'ils entendent par des points noirs?


Si vous avez d'autres choses sur "Petit et Arcencam" vous dites. C'est un nom que je découvre. Je suis sûr qu'en apprenant des choses sur lui, le nom m'apparaitra maintenant souvent. Comme quoi il ne faut pas hésiter à soulever les jupes des vieilles fontes!

En voilà une, facture de 1924 

Sacré document tout y est, H. Hachée Succ. 104 Boul. Sébastopol... ancienne maison A.Petit... Ce document est à toi?

J'ai appris, enfant à écrire, au fond de ma vieille maison vendéenne (Cholet), à partir d'un précis d'écriture en Anglaise. Je trouve l'esthétique de ce document magnifique... très élégant !

(Je vois que les initiales de ce revendeur sont H.H voila qui semble étonnant...)

Oui c'est dans mes archives. Les autres documents sont chez ma grand mère donc ce sera pour quand j'irai...

"Yes, we scan!"

Voila un autre document intéressant datant de 1892 et montrant les modèles et marques vendues par Petit et Arcencam