HURTU P11 de simanco33

Lors de la restauration de la Brunonia j'avais remarqué plusieurs machines à structure ouverte de cette époque (fin 19ème) qui avaient une forme ronde. Certaines même torique… Je suis cette semaine tombé sur cette Hurtu.

Lors de ma documentation, j'ai découvert l'apport et l'inventivité de ce constructeur français. Tout le monde connaît (en France) Barthelemy Thimonnier mais il semblerait qu'Auguste Jacques Hurtu soit également, si non plus, connu à l'étranger, surtout par les collectionneurs. Les machines Hurtu sont très recherchées à l'étranger

Quelques sites pour découvrir la marque :
http://ismacs.net/hurtu/hurtu-sewing-machines.html
https://sewalot.com/hurtu%20sewing%20machine.htm

Petit résumé : "Auguste Jacques Hurtu fabrique sa première machine à coudre, à coudre le cuir, en 1861 dans un petit atelier à Paris. Dans les années 1860, l'armée de Napoléon III était le principal utilisateur de machines à coudre. La guerre franco-prussienne de 1871 donna l'impulsion et le savoir-faire permettant à Hurtu et à Hautin d'utiliser des techniques de fabrication interchangeables et d'accroître la production pour fournir des ateliers et des drapiers.
Au cours des années 1880, la société continua d'innover et, en 1910, elle avait amassé plus de 70 brevets. Les trois premières machines domestiques ont été progressivement supprimées et remplacées par une base en fer, une machine à main vibrante à navette désignée par le numéro 11.
En 1889, Hurtu & Hautin était à son apogée en matière de machines à coudre et à l'Exposition universelle de Paris cette année-là, il remporta une quarantaine de récompenses d'excellence.
Hurtu fabriqua également des bicyclettes et même plus tard, des voitures, qui finiront par dominer la production de Hurtu.
Les années 1900 marquent la fin d'une importante production de masse de machines à coudre en France. La dernière véritable Hurtu a quitté l’usine en 1907. À partir de ce moment, toutes les machines à coudre domestiques vendues en France étaient en réalité des Singer ou des Singer "badgées"."

Ils ont fait beaucoup de publicité et de nombreuses affiches valent cher de nos jours.



(Ben quoi, c'est en novembre 1954 que les pouvoirs publics ont interdit les boissons alcoolisées, à la cantine, aux moins de 14 ans, en 1880 c'était tout bon..)

Après bien de déboires cette machine a fini par (bien) coudre. La voici en vidéo, plus tard, avec quelques unes de ses camarades "française" :


Avant de pouvoir la filmer en action, il aura fallu beaucoup de travail avec l'aide des amis du forum...

Reprenons le récit depuis le début...

Voyons un peu mon Hurtu P11…  avant de la tremper dans le pétrole et de la démonter, je fais quelques photos qui m'aideront lors du remontage :
C'est un corps de machine qui a l'air complet. Elle n'est pas bloquée. Elle a sa navette et une aiguille qui à l'évidence ne convient pas car trop courte. Heureusement il y a la marque de réglage de jauge sur le bras d'aiguille.

Son tenseur est d'un modèle original avec un ressort de type." comtois" comme on trouve encore sur les sécateurs. (Il y sur le forum une Hurtu qui a ce type de tenseur).

Le réglage du point est sophistique, tiens il y a (au moins) un engrenage dans cette machine ...  

Les plaques se démontent bien. Elles sont finement gravées. Elles portent le numéro de machine n°1154675 Le type "P11", Le constructeur "HURTU HAUTIN & DILIGEON", l'usine où elle a été fabriquée "USINE 55 R ST MAUR – Mon DE VENTE 33.62  Bd SEBASTOPOL et le revendeur BRUNET 59 (C)OURS VICTOR HUG(O) BORDEAUX (tout près de chez moi!)…
Sur l'autre plaque "HURTU HAUTIN & DILIGEON – PARIS" suivi du palmarès "44 BREVETS & PATENTES 40 ***D'HONNEUR ETC – EXP ****1889 – MEMBRE DU JURIS – HORS CONCOURS". Elle est donc postérieure à 1889…



Comment la dater plus précisément?...

La navette est du type 11 (c'est gravé dessus). C'est donc ma cinquième navette différente. Elle a sa bobine avec encore son fil (c'est lui qui a testé la machine).

Le dessous de la machine me rappelle le mécanisme de la Brunonia, la came de transport tissus est bien fabriquée, On aperçoit le secteur avec engrenage du réglage de la longueur de point. En relief, brut de moulage on lit "Hurtu à Paris" en jolie écriture cursive et "B11", ce qui semble préciser que c'est une machine professionnelle. Sur le site américain on lit  "se déclinait en deux tailles, la modèle B pour les travaux plus lourds et la modèle A pour les rideaux et la confection de vêtements".

Les tringles sont élégantes et les petites pièces bien usinées (mieux que sur la Brunonia)...

OK, bain de pétrole, brosse en cuivre, laine d'acier et un peu d'huile de coude… pour moi, ces moments là sont du pur bonheur… Les pièces sont bloquées, rouillées, encrassées et à la fin elles redeviennent magnifiques avec juste ce qu'il faut de patine…




Oui, j'ai dû trouver une astuce pour pouvoir régler la machine une fois nettoyée et huilée… je commence à penser un système pour pouvoir la mettre sur l'étagère. J'ai vu sur un site que pour laisser à la vue les dessous de ce type de machines d'exposition, une simple planche (en chêne) qui dépasserai de juste 1 cm le carré de la table et quatre (ou trois) jolis pieds cylindriques le plus simple, solide et discret pour laisser entrevoir le mécanisme lorsqu'on les fait tourner pour montrer (ou coudre).

Je frotte juste ce qu'il faut mais je laisse la patine. La came est bien revenue. La vieille huile séchée protège bien. Elle empêche de rouiller et reste facile à nettoyer avec du pétrole même après plusieurs dizaines d'années



(chouette!... un engrenage!)  

Le (joli) rembobineur a un arbre réglable avec une molette de serrage pour caler la bobine (pratique). Je devrai faire une courroie en cuir qui fasse juste le périmètre du volant pour entrainer la roue du rembobineur.

A quoi peut bien servir le double perçage perpendiculaire derrière la colonne de  façade. J'ai bien nettoyé des fois que je trouve un accessoire d'époque qui s'adapte...

Ensuite je nettoie un peu l'huile en surface pour essayer de la faire coudre… avec l'habitude l'enfilage est (assez) logique. Je ne vois pas de ressort de tension de fil?... Il manquerait une pièce?... (Thierry, si tu trouves la notice?...) … Le tenseur de fil n'est pas logique en cet état… ou alors les deux coupelles sont bloquées… c'est peut être à cause de cela que l'ancien utilisateur avait intercalé des rondelles de feutre (j'en ai vu également sur des photos)… Je récupère deux rondelles rouges de dessous de bobine "Singer"…Elles joueront le rôle de tenseur…

J'avais au par avant réglé l'aiguille… J'ai ma méthode : j'enfile un bout de fil avec le bout long côté rainure, il me servira à orienter l'aiguille, bien dans l'axe de la machine, rainure à gauche (sens d'enfilage), je desserre le porte aiguille et laisse le fil "soutenir l'aiguille posé sur la plaque avec juste la pointe dans le trou de la plaque d'aiguille je baisse l'arbre porte aiguille jusqu'à ce que la marque vienne à affleure le guide porte tige d'aiguille.si l'aiguille n'a pas bougé je serre la vis d'aiguille...

Je vérifie visuellement si la pointe de la navette se synchronise avec l'aiguille (la première fois pour valider la méthode).

J'ai bataillé pour caler la bobine dans la navette...

Je suppose que les entailles des plaques sont faites pour positionner le fil de canette…C'est tout bon le fil de bobine remonte bien…

L'heure de vérité… Yes!... Pardon, OUI!... (c'est une française!)… Elle coud!...

Lors du premier essai les points bouclaient en haut du tissu. Le fil de canette n'avait pas une bonne tension. J'ai démonté et utilisé les trous  de canette pour créer une tension supplémentaire. Si quelqu'un à une idée sur la façon correcte d'enfiler ces bobines N°11 Hurtu?..

Avec le deuxième montage le point était correct… Il faudra tout de même revoir le tenseur de fil et le montage de canette…

Pour le plaisir je vous montre les deux plaques juste nettoyées comme il faut, pas plus, il faut de la patine!...



Je m'attaque la semaine prochaine au support en bois avec ses trois (ou quatre) pattes… Je dois aussi en faire un pour mon Aurore… Je devrais recevoir l'effleureuse (merci Thierry du conseil), j'ai déjà les fraises (des fraises, déjà!   )…

Quelques photos du tendeur de ma P 11 si ça peut te servir

Là, y'a un truc que je ne comprends pas. Tu n'as qu'un disque dans ton tendeur de fil, ou les deux disques sont collés et tu n'as pas réussi à les décoller ? A ce niveau les rondelles de feutre n'ont aucune utilité.

Merci, le rouge du tenseur, c'est du feutre?... Les disques s'écartent-ils? Les miens sont, ou bloqués ou fixes, comment peut se faire, alors, le serrage? Le ressort appuie bien mais en quoi joue t-il sur le serrage?...As-tu sur ta machine un ressort de tension du fil lors de la relevée du bras d'aiguille. Normalement toutes les machines en ont, même la Brunonia. Là, je ne vois pas... Ta machine coud-t-elle ?... Depuis hier je la fait tourner avec un doigt (pas de maneton sur la roue). Je ne me lasse pas du bruit qu'elle fait!... Un bruit "onctueux", bien moins "métallique" que sur la Brunonia…

...Nos messages se sont télescopés, Thierry... Oui les deux coupelles sont fixes... je vais tremper dans du pétrole et voir si à la fin elles glissent sur l'axe de bronze. Cela expliquerait le fonctionnement... Les rondelles de feutre existaient lors du démontage. Je les ai remplacées car elles se sont désagrégées. En fait, lors de l'essai, c'est sur ces feutres que j'ai coincé le fil pour qu'il y ait une tension (bidouillé, quoi)...

...A l'origine les feutre étaient noirs. J'en ai mis des rouge car ce sont des feutres de machine Singer. Je vois que sur les photos de  lachenaude elles sont rouges, aussi...même cause même effet?... A noter le rouge va bien à la machine...