La Hurtu P2 de Simanco33

J'avais cette Hurtu sur l'établi depuis des mois. C'était une machine qui était dans le lot de Villenave d'Ornon (Gironde) où j'avais acquis, lors d'un vide-maison, quelques spécimens intéressants, tous très rouillés. (Tu l'avais vue, Pascal, lors de ton Tour de France il y a plus d'un an).

Je ne pensais pas à l'époque qu'elle pourrait devenir un jour cette jolie petite Hurtu P2.


J'avais décidé de la mettre sur le forum uniquement quand elle coudrait. Je n'avais pas de navette. "Parisienne" m'en a prêté une. Elle coud, voilà ma machine!



Cette machine avait été stockée depuis des années, avec beaucoup d'autres par-dessus, dans une partie de maison à moitié abandonnée. Les machines étaient empilées et couvertes de gravats.

Ce sont là les photos de l'inventaire. Il y avait une dizaine de machines. J'avais fait vite pour archiver.



La plaque était illisible

J'ai au moins décapé les plaques pour voir le numéro et le type. C'était une P2.

Comme c'est marqué sur la plaque, je l'appellerai "P2" tout le long du post même si une longue discussion sur le forum met en doute la justesse de l'usage du "P" dans le nom "Hurtu P2". Que cela me soit pardonné.

Le bloc de tension avait été  photographié pour "gerome" quand il a bataillé sur sa Hurtu.

La came de tête est du même type que celui de ma Tschiemer mais elle est en laiton sur la P2.

Toutes les pièces portent les chiffres qui les rattachent à la fin du numéro de série. C'est une machine "montée sur le genou" comme beaucoup de productions de l'époque. Chaque pièce était ajustée à la machine qui lui était dédiée.

Moulés en fonderie les mots "Hurtu Hautin  Paris" et un  "2"   (pas de "P", Pascal en a parlé sur ses pages)

J'ai un peu frotté tout çà puis j'ai procédé à la "photo de famille" pour faire la nomenclature de mes pièces.

Le bloc de tension a été lustré pour les photos mises à disposition sur la page de la Hurtu de "gerome".



J'ai tranquillement lustré chaque pièce. Comme j'ai toujours peur de les faire "souffrir", je m'arrête dès que j'attaque le métal sain. Les nuances grisées ne me dérangent pas. Chaque micron compte!

Lors du deuxième passage chez mes vendeurs (ils étaient pressés de vider la maison et tout n'était pas entré dans le coffre de ma Clio lors du premier voyage), mon interlocuteur m'avait demandé si je n'étais pas intéressé par une table de machine. C'était une table de Hurtu à double pédales (de celles qui avaient été interdites à l'époque). J'en avais déjà une. Celle-ci avait une grande roue industrielle. C'était surement celle de la "Hurtu A" du lot, ai-je pensé… j'ai pris.

Bonne pioche, c'est celle de la Hurtu P2!


La preuve que c'est la table d'origine… je n'aurais jamais su percer au bon endroit avec le bon angle


Pourtant le reste de la découpe du bois est très frustre… un bricolage tardif sur une base d'origine. Sur la partie avant il y a les deux trous pour fixer les tetons du lit de machine. La table s'est fendue sous le volant. Pour consolider, les utilisateurs ont fixé avec un chevron par dessous. J'ai calé avec du cuir la partie arrière qui s'est donc un peu séparée. J'aime bien ces traces des aléas du "vécu"…

Le sigle "HH" comme rappel de "Hurtu Hautin"


Sur le pédalier pas encore le mot "hygiénique" comme sur les tables Hurtu du genre qui allaient suivre pendant un temps (Ma Hurtu "La Moderne" a ce type de table).

On pouvait, alors, encore pédaler sans entraves, tant qu'elles n'étaient  pas "interdites" (ou que la pudeur de l'époque allait les déconseiller de mettre à la vente).

Les flancs de table portent également la lettre "H".

Cette "P2" porte l'ancienne médaille Hurtu sur le col et pas encore sur le lit de machine comme sur ma "P11".

Le lève fil ne porte pas de ressort sur ce montage. Sur d'autres photos de "P2" on voit souvent un ressort sur un bras qui est plus long. La levée est dynamique portés par la tige d'aiguille. Comme il n'y a pas de ressort à compresser, cela doit faire une contrainte en moins. (C'est une machine "desmo" comme les Ducati ou les PL17, clin d'œil pour "gerome", car vieux motard que jamais!)


Comme je n'avais pas de navette, au début, j'ai "bricolé" une navette de Singer 12 (qui était incomplète et n'avait pas son guide fil latéral, je précise). J'ai bataillé dessus plusieurs jours. Au bout de trois points, le fil cassait ou la navette bloquait. Je repartais donc limer un peu plus.

Comme l'épaisseur devenait critique j'ai lancé un appel. "Parisienne" l'a entendu. Il m'a prêté la navette qui va bien. Une navette de Hurtu E2, je crois.


Lors de l'achat, le bobineur était fixé sur le lit de machine. Il me semblait anachronique (même montage que la Thabourin).

J'ai donc fixé le bobineur sur la table. Il est évident que ce n'est pas un bobineur d'origine mais celui que l'usage a lié à cette machine, depuis un siècle peut-être. Cela justifie sa place à ses  côtés mais si j'en trouve un plus conforme, je remplace (et range celui-ci avec les accessoires).

J'ai fait la fusette à la main. J'ai fait appel à une "petite main" de la couture pour faire la photo. La machine dispose d'un système de débrayage du volant pour faire les fusettes.




L'enfilage est "intuitif".

Le bloc de tension a, normalement, un parcours de fil complexe sur les deux fentes du haut. Elles comprennent un puits percé où est poussé un ressort qui normalement serre le fil dans le premier guide-fil et passe par le deuxième guide fil pour ressortir vers le disque-poulie (!). Ce fil, ensuite, fait un tour sur l'extérieur d'une poulie freinée par des disques en feutre et à la tension réglée par un ressort.
Comme le petit piston, sensé serrer le fil lors de son passage au travers de la première fente, est déficient, le temps de réparer çà, j'ai remplacé le disque poulie par deux coupelles classiques. Les coupelles ne sont pas anachroniques, elles sont déjà sur la Thabourin (Thabourin semblait moins respecter les droits d'invention, il me semble avoir compris). Hurtu ne voulait surement pas payer de droits et a gardé son système de poulie freinée, moins performant que des coupelles… mais si original!

Après quelques réglages, la machine a cousu.

A noter les aiguilles de 44mm 1014B étaient trop fines sur la tige à aiguille. J'ai donc mis des 29x3 (de Singer 29K) qui ont un talon rond de diamètre 1,95 mm.



Cette Hurtu P2 va trôner quelque temps dans le salon mais il faudra faire des choix. Une Tschiemer, une Singer 46K, une Muller 16 et quelques machines à calculer on ma fait sentir que cela semblerait faire trop!

Toujours ce beau compte rendu comme tu sais les faire .......  C'est passé entre tes mains, des détails, c'est bien ta marque... du Simanco

J'ai pu voir sur la vidéo que tu ne manqueras plus de tables pour poser les toasts vers 11h30 voir les verres en cours de discussion

J'ai apprécié de regarder aussi, dans ta grande dépendance du RDC,  ces trois beaux ensembles sous 1900 se cotoyant, ça a vraiment de la gueule, le charme ces vieilles mémères, j'adore

Je crois que tu es tombé à présent dans la marmite des fontes noires "tarabiscottées", entre (...) je n'y croyais plus


Tu as bien travaillé une fois de plus

J'ai la solution pour la Muller 16 ....

Belle restauration !

Si tu viens dans cinquante ans, mes machines seront peut-être empilées dans un coin, couvertes de gravats, tu pourras avoir le lot pour quelques euros... ou roubles ou livres turques... tout va tellement vite! A l'intérieur de la "P2" il y aura la navette de "Singer 12" que j'ai rafistolée et qui maintenant, depuis ce matin, grâce à ta navette qui m'a servi de gabarit, fonctionne. Oui elle coud depuis ce matin. Il ne me reste plus qu'à organiser une visite de mon neveu à Toulouse pour que je puisse te redonner ta navette en main propre. Encore une fois je te remercie de m'avoir permis de finaliser ma jolie "petite P2" (j'insiste sur la taille car elle est vraiment très compacte à côté de la Tschiemer ou la "P11")

Oui Pascal, elles ont du charme mais madame commence à le trouver, sinon suranné mais au moins encombrant!

Si tu trouves que, sur les vidéos, les machines changent souvent de place, c'est que, à l'origine, elles sont toutes contre le mur vitré qui donne sur le jardin. Je les vois ainsi, leurs silhouettes en contre jour. Pour les vidéos faites avec mon téléphone à 200 balles et ma lampe chaude du salon (j'aurais préféré une lampe à pétrole) je déplace tout mon "barnum" pour suivre la lumière du jour. Je bouge tout çà quand madame cours sauver le monde. A son retour tout est remis "à sa place"... un, deux, trois soleil!  

Bonjour Simanco, bouche bée, je suis toujours devant ton travail!

Bravo Simanco pour cette belle remise en fonctionnement et "retape", merci pour tous ces détails, la vidéo la montre bien sous tous les recoins, c'est vraiment chouette de la voir en mouvement, dessus/dessous, devant/derrière ... comme si on y était ... comme télétransporté dans ton salon
Vraiment un bel ensemble avec un joli pédalier très personnalisé.

En effet, les gens qui entrent dans mon salon la première fois sont souvent bouche bée devant autant de fonte. Je n'arrive pas toujours à donner un sens exact à leur surprise... parfois ils me semblent... comme consternés et regardent madame avec affliction. Ils sont bizarres, non? (... et ils n'ont pas encore vu le bureau!)

Pas du tout consternée,

Ouh ,tu vas un peu loin .
Dans 50 ans ,les gravats ,je les aurai sur le bide
Mes enfants auront à leur tour fait le ménage dans mes fontes qui elles aussi sont en surnombre .
Mais bon ,on est encore là alors autant se faire plaisir .
Les machines anciennes font toujours sensation auprès des visiteurs surtout quand on les met en marche avec leur antique cliquetis en souquant sur le pedalier ou la manivelle .
C'est à la 3 eme ou plus que viennent les questions qui fachent .
On pense d'abord à la place ,puis au budget immobilisé et enfin aux héritiers ou au conjoint survivant .
Le doute nous vient .Aurait on été trop loin ?
Et puis on va sur le fofo lire les dernières nouvelles .
Un petit tour sur le coin coin ou la baie en attendant l'heure de la soupe .
"Elle est pas mal celle lâ et pas trop chère .Je vais demander au vendeur si elle a sa navette ".
Et voilà c'est reparti "comme en 40" .
On va pousser la E2 dans la véranda pour faire de la place ,on sait jamais ....

plus de soucis de place, j'ai fait le vide de pratiquement toutes mes machines.

Je comprends bien le problème Sewing... tu veux qu'on en parle?      ( )

(Je plaisante, c'est toi qui a raison mais pour l'instant... profitons de l'instant!)

Question "antiques cliquetis" cette petite fonte "P2" a vraiment un bruits envoûtant. Cela transparâit mal sur mes vidéos "téléphone" mais le son est très agréable, croyez moi.

La Tschiemer fait un son de "Comtoise" plus grave. Un autre son qui m'émerveille est celui de la Singer 29K à la manivelle : "tchoclon, tchoclon...!". Tiens, c'est un truc que je devrais faire, enregistrer et dédoubler (comme avec un sampler) pour en faire une rythmique et improviser dessus à la guitare. Je dois avoir quelque part le "Singer Blues" vu sur Youtube. La P"2" ce serait plutôt une "sevillana", pour la Tschiemer ou la 29K  je vois, par exemple, le chant des bagnards du début du film "O'brother"!

Voilà, je vais dire à madame que c'est en fait, aussi, des instruments de musique... Je vais tenter!

J’M lire vos délires

Je dirai cela aussi à mon mari !

Et vous avez pas entendu la musique de la Callebaut .
Il manque plus que la vapeur qui sort de la cheminée pour acheter un billet et embarquer .

Un peu celle de la Singer II je pense... J'imagine un atelier avec des dizaines de ces machines qui font un bruit de métier à tisser!

Elle serait bien dans la lumière de la véranda...

super, un concert de machine à coudre.. quelle bonne idée.

je constate que quand on a rien à dire, on met un smiley :

Hé Hé !!!!

d'ordinaire, c'est une manie féminine