Willcox & Gibbs Pegasus 500 I de Simanco33

Ma première expérience avec la marque Willcox & Gibbs aura été la magnifique petite machine à point chaînette que m'avait restaurée Pascal.


J'avais réussi à la faire coudre au pédalier et ensuite avec un antique moteur électrique. J'avais été séduit par toutes les productions de cette marque plus que centenaire!

Il y a peu, je suis tombé fortuitement sur une surjeteuse qui portait, elle aussi, cette prestigieuse marque Willcox & Gibbs : Une Pegasus 500 I (3 fils).


J'ai toujours été intrigué par la technologie de ce type de machines. J'avais déjà réglé une "Union Spéciale", américaine elle aussi, qui m'avait laissé admiratif dans son mode de fonctionnement.

En attendant de trouver une surjeteuse Singer fonte noire centenaire, j'ai fait mes premières armes sur cette Pegasus.

Il aura fallu au départ bien la débarbouiller avant de la démonter en partie.


Mon propos est de la voir fonctionner, essayer de comprendre comment cela fonctionne et si possible, coudre quelques centimètres.

Pour la première fois j'ai utilisé un appareil de très haute technologie pour souffler (légèrement) les multiples recoins, parties creuses et tubes guides fil de cette "usine à coudre".


Le fonctionnement de l'appareil rend ridicule l'utilisateur mais je trouve le principe très efficace : immédiat, silencieux, avec juste ce qu'il faut de pression d'air pour ne pas obstruer définitivement les canaux (je sollicite, tout de même, l'indulgence des professionnels du forum)

J'ai tout nettoyé au pétrole désaromatisé, soufflé et huilé à l'huile de paraffine pure.

Je ne savais pas si cela allait fonctionner mais c'était déjà beau comme çà… une vraie sculpture moderne!

C'est une machine à bain d'huile (700 cl d'huile machine).



Elle fonctionne à "carter sec" comme mon ancienne 650 Triumph. L'huile est pompée par une crépine filtre en cuivre dans le bas du carter et conduit sur toutes les pièces à lubrifier dans des tuyaux en cuivre, puis servie en goutte à goutte par des mèches de fil.

L'huile coule par gravité vers le bas, est recueilli dans des goulottes puis  filtrée avant de rejoindre le fond de carter.

Le gros de la partie mécanique du réglage de longueur de point (deux cames qu'il faut ajuster) sous le pied presseur, a son propre bac de recueil d'huile avec son filtre bien dimensionné.

Ce filtrage est nécessaire car coudre avec ces machines produit beaucoup de poussière de tissus qui une fois huilée forme une pâte qui encrasse tout.

Je vais cependant, comme avec la Stobel, faire mes essais sans la réserve d'huile. Les pièces sont propres et huilées. La machine ne va essayer de coudre que quelques centimètres linéaires. Elle sera plus tard stockée à sec mais il faudra compléter les niveaux pour un usage plus intensif.



On voit, ci-dessous, le système de relevage du pied que je n'ai pas utilisé pour mon essai mais qu'il sera facile de rendre fonctionnel avec une pédale sur une table dédiée.

Gogo_29  ma procuré des aiguilles compatibles au système UY 154 GAS préconisé.

L'aiguille se monte à l'aide d'une petite clé de 9/32 de pouce.

Puis, j'ai réglé les synchronisations…


Il faut que l'aiguille soit synchronisée avec deux "loopers" qui sont comme des crochets qui guident les deux autres fils et disposent aussi d'un chas. Ces pièces se trouvent sur internet à des prix raisonnables.

Là, les deux "loopers" étaient fonctionnels.

Le tube qui guide le fil sur le "looper" du fil rouge était tordu et bouché. J'ai débouché mais il faudra batailler pour enfiler le fil rouge.

Sur le moment, je n'avais pas porté d'attention particulière sur la partie au dessus du bac avec filtre mais c'est là que, j'apprendrai plus tard, se règle la longueur du point… sous deux carter rabattants et avec l'impérial outillage d'un horloger anglo-américain!

Sur le rabat de ma machine il n'y avait pas le guide d'enfilage mais j'ai trouvé la notice sur Internet (un "PDF" qui accepte le copier/coller et que j'ai pu traduire)

Voici le passage du fil vert (aiguille)…

Ainsi que les fils rouge et jaune des deux "loopers".

Là, il faut savoir rester Zen, ne pas avoir bu du café, bien nettoyer ses lunettes, avoir une bonne paire de pinces et maîtriser un bon catalogue de jurons basques!

Pour faciliter mon essai j'ai utilisé trois fils qui reprennent les couleurs de la notice.

J'ai commencé par le fil rouge. Au début tout va bien…

Puis arrive le tuyau "plié" qui normalement aboutit au chas du premier "looper"

Comme le fil n'acceptait pas de rentrer par simple poussée dans le chas du "looper" et au travers de 5 cm de tuyau , j'ai reculé le tuyau et enfilé "à l'ancienne" avec un "passe fil". A noter j'ai démonté la plaque d'aiguille pour bien voir ce que je faisais.


Puis j'ai fait passer le fil jaune.

Là aussi des tuyaux, des tours et des contours mais on y arrive!


Idem pour le fil vert de l'aiguille courbe.


A la fin des essais, j'ai laissé une large boucle de chaque fil en couleur pour les trois passages. J'utiliserai ce fil pour guider les autres fils d'usage après les avoir attaché à mes fils colorés. Il restera à régler le problème du passage des chas d'aiguille et de "looper".

J'ai été obligé de commander chez Aliex un porte fil triple (6€ en entrée de gamme).

Le premier guide fil rouge manquait, j'ai réparé avec un morceau de tube d'aquarium collé au loctite.

J'ai bataillé avec les tensions des trois blocs que j'avais bien nettoyés.


J'ai remis les rabats de côté.



J'ai installé la Willcox Pegasus sur ma "platine " porte moteur. C'est cette plaque que j'ai déjà utilisée pour rendre transportable ma Singer 17KSV et ma Singer 29K. Elle est percée et alésée pour que les têtes d'écrou ne dépassent pas en bas. Elle accepte mon support de moteur qui fonctionne avec un Rhéostat classique. Elle est doublée, pour être posée sur une table, par une plaque de caoutchouc anti vibrations (Leroy Merlin 9 €, 70X70 cm).

Puis j'ai cousu…

Le moteur doit, sur cette sujeteuse, tourner dans le sens contraire des machines Singer classiques. Fixée dans l'autre sens la courroie d'un moteur Singer ne passe plus à cause de la fixation moulée Singer.

Pour les essais j'ai donc utilisé le moteur chinois déjà évoqué sur le forum qui présente une poulie plus dégagée


Comme ce moteur tourne à 8000 tours et que je ne couds pas aussi vite, je l'ai fait tourner en 110V. Tout a ainsi très bien fonctionné... je referai!

J'ai fait une vidéo mais le résultat de cet essai sera très perfectible. On constate, cependant, que toutes les fonctions sont là. Il faudra juste affiner les réglages.



Il faudra régler la longueur du pas pour faire un surjet plus "resserré". Il faudra aussi batailler sur les blocs de tension. J'ai utilisé du fil de trois couleurs pour être cohérent avec la notice et utilisé des aiguille un peu fines dont je disposais. Il faudra, la prochaine fois, une bonne préparation des fils et de l'aiguille par rapport au tissu et bien régler la machine par rapport au travail demandé : largeur du surjet, longueur du pas, réglage de la lame de découpe.

Ce n'est vraiment pas une familiale à usage domestique. Elle nécessite toute une série de réglages très minutieux à effectuer avec de l'outillage adapté. L'enfilage, quand un fil casse doit désespérer les utilisateurs qui ne seront pas un peu mécaniciens.

Pour moi cela aura été un vrai plaisir de me dégourdir les doigts sur cette "monstrueuse" machine. Ce n'est pas une fonte noire mais je l'ai faite juste avant de partir en vacances au pays basque où j'ai pu visiter le Musée de la machine d'Elgoibar dont je parlerai plus tard. J'ai fait cet essai entre la Hurtu M2 déjà postée et juste avant de commencer une Hurtu rotative de 1904.

Travailler sur ces machines complexes reste donc un bon entrainement pour élargir la palette de nos connaissance de collectionneur et amateurs de machines à coudre.

C'est petit, mais lourd aussi , alu ??? Félicitations pour cette remise en route


Si tu veux, j'ai en magasin ce que tu recherches

J'ai vu hier en rentrant,  une filardière sur le quai à Sedan, je peux l'affréter.... Tu dis

Oh, ça c'est beau! Nous allons étudier la faisabilité... et un échange?... j'ai du nacre, du "fonte" monstrueux, du bizarre etc...

Le poids de la Pegasus est énorme, une vrai enclume, elle fait, machine seule, 16Kg. Je viens de la peser dans sa poche "Leclerc" avec le pèse valise "chinois". Même si d'autres machines font ce poids, celle-ci est compacte et sans accroches. Il faut la soulever par la pointe des doigts : un vrai entrainement à la "force basque"!

Je comptais proposer la Pegasus à ma sœur qui coud dans le délicat... c'est trop lourd et trop délicat à mettre en oeuvre. Ce sera pour un artisan!

Ça me rappelle mon apprentissage avec la Bernette, beaucoup plus simple mécaniquement.

Bravo Simanco pour cette remise en fonctionnement !

Son nettoyage primaire n'était certes pas du luxe !

Les "loopers" sont les "boucleurs" de la surjeteuse.

Son enfilage paraît effectivement plus technique comparé à nos surjeteuses dites familiales, du coup tu as bien raison de garder les fils courleur pour servir de guides d'enfilage !

C'est "du lourd" (dans tous les sens du mot) mais les indus sont faites pour turbiner toute la journée ; la mienne dite pourtant pour "usage intensif" a un peu souffert le mois dernier avec tous les voilages à surjeter pour la déco mariage et les robes des miss, elle se mettait parfois en grève...  (et je n'avais pas "un bon catalogue de jurons basques" sous la main pour la stimuler et apaiser mon énervement passager ! )

Même plus simple, la mise en oeuvre de ces surjeteuses reste délicate pour une personne non avertie. Déjà que certains utilisateurs novices bloquent avec une machine zigzag "classique". Je comprends pourquoi tant de ces machines à "cent et quelques Euros", vendues dans les grandes surfaces, se retrouvent rapidement sur le marché de l'occasion.

Beaucoup de gens ont du être désappointé de la relative complexité de mise en oeuvre. Souvent ont voit l'annonce avec la précision "jamais servi"! Parfois l'utilisateur honnête reconnait " je n'ai pas su m'en servir".

Il faut reconnaître que la publicité qui accompagne ces machines est souvent légèrement mensongère quand elles annoncent la facilité d'utilisation... Il faut au moins déjà avoir fait "ses classes"!

Peux-tu nous rappeler ce que tu utilises comme surjeteuse "familiale"?

Je vais devoir plancher là dessus car ma sœur veut tout de même essayer et je n'oserai pas présenter mon "monstre" pour ne pas la dérouter!

Thierry parle de "Bernette"*, Bernina donc, je suppose. Je pensais plutôt à ces "plastiques de supermarché" à cent "balles", toutes les mêmes mais toujours avec un nom de marque prestigieux, histoire de tenter une occasion, pour essayer...

* Ce n'est pas Malicorne qui chantait : "La Bernette se lève, la lalala lala ♪♪♪... ?"

Bernette: sous marque de Bernina fabriquée en Asie (par une autre "grande marque", je ne sais pas si j'ai lu laquelle).

Bonjour Simanco,
Ma surjeteuse est la Juki MO-734 DE (4 fils), j'en suis très contente jusque là. (Je n'ai pas pris la 735 qui fait aussi recouvreuse car je tenais à avoir deux appareils séparés). Un peu surmenée le mois dernier mais elle a tenu le coup. Facile d'entretien (deux ouvertures pour nettoyage, face et côté droit) et d'enfilage notamment (même si j'enfile l'aiguille à la pince et non avec le système de la machine).
C'est un "petit" investissement certes et je vois que les prix ont carrément flambé depuis mon achat (mars 2019) !!
Je l'ai achetée ici (extension de garanties)

Hi Lilique,

Oups! Il y a sur celle-ci, pour mon budget, un zéro en plus ! Je comprends que c'est le prix d'un véritable outil de travail mais c'est cela reste un investissement qui doit être justifié par l'usage.

Oui, les prix ont vraiment grimpé de façon indécente en 5 ans !! nous l'avions déjà payé autour de 750 euros en 2019, c'était un achat pour outil de travail (les Babylocks - le top des familiales -  étaient déjà bien trop chères pour mon budget !) d'où l'investissement.
On trouve des Juki sur LBC (par ex : https://www.leboncoin.fr/ad/loisirs_creatifs/2680451456 ou encore : https://www.leboncoin.fr/ad/loisirs_creatifs/2694156969 )

Wouaw la bête ! Franchement bravo pour cette remise en route, en effet les tensions c'est pas simple, des fois je m'arrache les cheveux sur de basiques babylock mais en 3 fils avec 3 couleurs, en analysant ça se fait - c'est un nouveau monde à découvrir la surjeteuse, tout à fait captivant

Ce qui me laisse pantois c'est la complexité du réglage de longueur du point sur cette Willcox!

... et tout avec des clés en pouces.

J'ai fait un heureux choix en achetant, il y a quelque temps, le petit jeu de clés en pouces à 8€ sur sur Aliex!


(existe aussi en métrique... j'ai pris! Ce n'est pas du "pro" mais dans la poche, ça aide quand je tourne vire dans le garage!)

Comme c'est une indus, en théorie tu la règles une fois pour de la série le fossé familiale/indus est encore plus perceptible j'ai l'impression

Voilà un dossier où l'aspect "on coud" est passionnant - j'ai compris les bases mais en néophyte, trouver l'équivalent d'une Singer 15 pour piger la stabilité des réglages, il y a encore quelques heures à passer mais je trouve ça passionnant, je peux passer des heures pour comprendre ça me va, on accorde le piano

Voilà!... nous sommes des accordeurs pour ce qui est des concerts, il faudra confier cela aux grands maestros!

Comme l'a bien dit Pascal au cour de mes lectures, il y a quelques années, il n'y avait pas une telle littérature déjà pour les machines à coudre, souhaitons accueillir des maestros de la surjeteuse, tu as déjà placé la barre, moi je saurais pas en faire autant, même pas eu encore la chance d'avoir une surjeteuse indus dans le viseur ! Tu ouvres un sillon passionnant

Bipe Bipe a écrit:Tu ouvres un sillon passionnant

Tel le semeur de Victor Hugo :

"Il marche dans la plaine immense,
Va, vient, lance la graine au loin,
Rouvre sa main, et recommence,
Et je médite, obscur témoin,"

(Saison des semailles, V. Hugo)

Pour le son, Victor Hugo, pour l'image, Jean-François Millet. Ils sont de la même époque. On ne dirait pas mais leur oeuvre était très progressiste en cette époque trouble : il fallait faire un choix et leur choix était celui du peuple laborieux. La commune a scellé l'affaire, pour un temps... Au final Millet est au Louvre et les cendres de V. Hugo sont revenues à Paris... et Brunet a été obligé de changer les poinçons de ses machines!

Je viens de traiter sur cette page, ICI, un joli bibelot de 13 kg, une surjeteuse Singer 81-3.



Il y a beaucoup de similitudes fonctionnelles  entre ces deux machines, entre autre, le plaisir de les manipuler!

J'ai repris la Willcox tant que les fils gris étaient en place après l'essai de la Singer 81-3. J'avais laissé les fils du précédent enfilage sur la Wilcox. J'ai utilisé ces fils pour guider les nouveaux fils gris. Seul le passage de l'aiguille ne laisse pas passer les deux fils noués entre eux.
Elle a cousu...


C'est en essayant de régler la longueur de point que j'ai réalisé le sens de la notice montrée un peu plus haut. Il faut avoir plusieurs jeux de paires de cames excentriques pour faire varier les réglages de longueur de point! Mais où trouve-t-on ces excentriques. Il doivent coûter plusieurs fois le prix que j'ai payé cette machine!


Quelqu'un du forum aurait quelques uns de ces excentriques en double?

Non, bon, nous allons laisser comme çà...

https://www.tokopedia.com/julestor-1/cincin-neci-pegasus-obras-overlock-feed-eccentrics

78.550 Roupies...

Ce n'est pas de la "roupie de sansonnet"... 864 €... plus le port par la route de la soie! A moins d’affréter une caravelle et quelques spadassins, je ne vois pas...

Ils vendent par paire?... En tout cas sur la photo on voit bien l'étendue du problème...

Heu... ton imprimante 3D elle fait dans l'acier au carbone?