Singer 81-3 (1934) de simanco33

Il s'est produit cet été, à Bordeaux, d'intéressants échanges Nord Sud de fontes diverses, en particulier cette superbe surjeteuse fonte venue directement des Ardennes : une Singer 81-3 de 1934



C'est une petite machine industrielle bien compacte. Elle entrerait presque sur une étagère de bibliothèque.

Le badge rappelle que nous sommes là en présence d'une vénérable ancienne.


Elle date de 1934. C'est un des premiers modèles en fonte, maintes fois repris et copié, de surjeteuse trois fils (existe en 4 fils).

Le clone de ce modèle est toujours fabriqué et commercialisé en Chine sous le joli nom de "Butterfly" (ce sera pratique pour trouver des consommables).

Cette belle machine n'est pas descendue des Ardennes par hasard. J'avais évoqué, sur mon post sur la surjeteuse "Willcox & Gibbs Pegassus", mon rêve de posséder une des ces "petites surjeteuses fonte Singer". Notre ardennais du forum me l'avait alors promise dans une des réponses… l'échange se ferait lors des estives de l'été.

Depuis longtemps déjà, en effet, je consultais des articles et des images sur ces machines.

Pinterest me mettait aussi, souvent, sous le nez de splendides tableaux ou autres images en IA, d'où il ressortait bien que nous avions là une véritable œuvre d'art!


La voici donc maintenant  sur mon établi pour pouvoir l'étudier.

La notre a, en plus, son socle de 2,5 kg qui peut se fixer sur une table et laisser ainsi le corps de machine amovible. La machine complète avec le socle fait 13 kg… c'est compact!

Avant de nettoyer ou de démonter quoi que ce soit,  j'ai fait le tour et photographié la machine sous tous les angles.

J'essayais, au fur et à mesure, de deviner les fonctions et les réglages. Je ne comprenais pas, par exemple, à quoi pouvait bien servir ce tube devant le bloc de tension du fil arrière.
(Je ne sais toujours pas et je cherche encore. Sur les notices il n'existe pas.)


Il aura fallu au moins démonter les caches de devant pour voir si les "loopers" étaient bien là et en état… Ils l'étaient!

Ce cadran doit servir à régler le point…

Je cherche en bas où est la molette… pas de molette il faut desserrer la tête de vis à six pans (des pouces, ofc) et jouer sur la glissière.

C'est bien une machine de mécano!

La machine a l'air complète et fonctionnelle. Rien n'est bloqué. Elle ne nécessite qu'un bon rodage fonctionnel, un nettoyage au pétrole et un bon huilage.



J'avais l'expérience récente de l'usage de la surjeteuse Willcox & Gibbs. Pour faire les essais et réglages, j'ai pris mon porte-cône trois fils et trois cônes de fil de couleurs différentes.

J'ai donc commencé à enfiler le "looper" avant avec un fil jaune.


Je ne dirai pas que c'est intuitif mais ça reste un des "looper" le plus simples à enfiler.

Puis j'ai attaqué le fil "arrière", rouge. Sur la Willcox c'était le plus délicat… sur la Singer, aussi!


J'ai essayé d'envisager ce qu'il était possible à faire avec ce sacré tube si proéminent… rien! On continue…

Ici est la partie la plus délicate. Passer le fil sur ce passage "rond" mais heureusement "ouvert" est un exercice de style… surtout avec mes mains "raides" (j'ai deux doigts de la main droite "à ressaut"… c'est surement du aux gros efforts que je faits pour desserrer  tout ce qui est bloqué sur nos fontes! Je ne peux imaginer que ce soit l'âge!)

J'ai réussi à passer le fil rouge dans  le "looper" de fil arrière sans démonter la plaque d'aiguille. Ma longue et fine pince "Strobel" avec sa longue pointe est vraiment adaptée et nécessaire


Puis est venu le tour du fil d'aiguille, vert. Là, le principe est simple mais enfiler l'aiguille… reste compliqué : le "looper" ne passe pas loin (normal, c'est sa synchronisation!)

Autre difficulté passer les trois fils sous le pied de biche.

J'ai bataillé sur les guides fils du sommet de machine. Je trouve les perçages non cohérents. J'ai un peu "artistiquement" croisé tout çà pour que les fils ne s'accrochent pas entre eux. La fluidité des fils est primordiale sur ces machines. J'avais rencontré le même problème avec la Willcox. Ce qui me rassure c'est que dans toutes les multiples vidéos de You tube on ne trouve pas deux montages pareils!

Là, c'est moche mais ça fonctionne!... Tiens sur la photo le fil vert loupe un perçage... j'ai du faire mieux ensuite...

Au tour de l'aiguille avec la toujours nécessaire petite clé de 9/32 èmes.

Avec Singer c'est simple : "Quelles aiguilles pour une Singer 81?"… des 81x1, ofc!

Une preuve que l'enfilage est conforme : j'obtiens une jolie chaînette tricolore!


J'ai ensuite vérifié et réglé les "couteaux".
.

La notice que m'avait faite suivre, plus tard, Gogo29 expliquait bien tout çà.

Il est important de bien régler la pression du couteau supérieur.


Avec trop de pression et une manipulation hasardeuse on casse la "précieuse" lame supérieure, celle qui a une rallonge guide! J'ai cassé! Heureusement Aliex vous livre çà en une semaine pour 4€… C'est un consommable de leur "Butterfly"… Le tout est de demander des "5 mm", j'ai d'abord reçu des "8mm" plus courantes sur les Singer 81 plus récentes. Les "Butterfly" ont encore des 5mm.

Bon, la lame est plus longue et complique un peu l'enfilage mais… il n'y avait qu'à pas casser!

Autre élément important il est conseillé d'ajuster le "cache-guide fil jaune" car il participe au guidage de la lame supérieure.


Le réglage se fait en jouant sur le passage allongé de la vis de montage


Puis j'ai cousu au pédalier, tout en silence!


Il aura fallu beaucoup jouer sur les réglages pour obtenir un point acceptable et une coupe nette.

La longueur de point se lit sur le cadran en "points par pouce". Il faut donc faire un "à gauche toute" pour avoir une longueur maximum (4mm)

Il existe un autre réglage "subtil" qui m'aura bien fait chercher. C'est la hauteur de la "deuxième petite griffe d'entrainement" (?) qui se situe derrière les grandes griffes d'entrainement!

Lors du nettoyage, j'avais bidouillé le réglage sans rien voir, au départ, de probant comme effet, si se n'est, plus tard, de constater que le tissus bloquait au niveau du pied de biche sans comprendre pourquoi!

J'ai pu réaliser, quand plus tard j'ai reçu la notice, qu'il y avait là relation de cause à effet. C'est un réglage qui doit se faire finement selon l'ouvrage. Le réglage est correct quand ça fonctionne si non… blocage!

Pour tourner la molette il faut d'abord desserrer les deux vis "latérale" (v et s).

Un autre réglage "improbable" pour un débutant : la hauteur de griffe principale.

Il faut desserrer et jouer sur un excentrique sur l'arbre principal.

C'est aussi difficile d'accès que sur la Willcox!

Il n'y a pas à dire… ces machines ça se mérite!... mais quelle satisfaction quand enfin ça fonctionne!

Un rappel glané sur des vidéos (portugaises) pour régler les trois tensions.

Puis j'ai essayé avec mon moteur Singer "d'époque". Comme la rotation est inversée sur ces surjeteuses, j'ai croisé la courroie. Dans un atelier on aurait monté le moteur sur la droite mais pour mes essais c'est plus pratique (et de plus, je rêvais de faire çà un jour)

Quelques réglages et tout a fonctionné, cousu et coupé!


Puis j'ai essayé une couture plus réaliste  avec trois cônes de fil gris.

La méthode de laisser les fils en place et nouer les fils des cônes suivants à ceux déjà enfilés est maintenant maîtrisée. Seule l'enfilage de l'aiguille nécessite de recouper le fil puis de renouer le fil précédent pour passer sous le pied de biche. (Sur cette Singer 81-3 le passage du pied de biche est très ajusté par rapport aux couteaux!)

Je n'ai que quelques centimètres de surjet à mon actif mais je commence à entrevoir la méthode. Avec de l'entrainement on doit pouvoir y arriver de mieux en mieux!

Pendant quelque temps cette Singer 81-3 va côtoyer la jolie Singer 46K33… elles ont vraiment un air de famille… des cousines!

A moins que plus tard, elle aille rejoindre une étagère de mon cabinet des curiosités.


Je remercie encore Pascal pour ce joli bibelot!... (De 13 kg, tout de même!)

81 pas 91

Quel engin et quelle masse : de la fonte et de l'acier haute densité. Belle présentation et belle vidéo.
Effectivement 81...je m'étonnais de ne rien trouver sur You Tube avec 91( sauf la vidéo de Simanco et pour cause )....mais avec 81 il y a quelques vidéos.
Faudra modifier le titre de la vidéo.

Merci les gars... je lis et relis sans arrêt depuis un quart d'heure et je trouve toujours des fautes d'orthographe et là, même le titre!... c'est comme si elles apparaissaient comme des champignons. Il faudrait une relecture avec des yeux "neufs" mais bon, ça reste un forum pour amateurs et vous êtes là pour me corriger... mais au fait... vous ne dormez pas, vous non plus?

Singer 91, je connais, pour les gants.
J'ai une Adler 81-3, en très bon état, à donner à celui ou celle qui viendra la chercher rapidement. Je ne fais pas d'envoi.
Adler... Singer... qui a copié l'autre ?

Cette machine était destinée à être sur le bureau mais sans son socle , petite, compact lourde, elle avait tous les atouts afin d'y glisser les notes de frais en dessous afin que cela ne disparaisse plus lorsque la fenêtre est ouverte

Mais chemin faisant PAN PAN, elle est partie dans une région sèche, entre de bonnes mains sachant que Simanco nous ferait un jour, un beau compte rendu ou dossier à ce sujet ..... Comme d'hab, le résultat est là, toutes mes ficelles .....

Toujours en admiration pour ta patience devant tes aiguilles et tes caisses de ficelles.

Ce n'est pas mon truc  un fil et une aiguille, deux trop déjà, ce ne sont que des accessoires rapportés  

Un presse-papiers de plus de 10kg, tout de même... attention les pieds!

Là ce fut, en effet, 10% de "mécanique" et 90% de patience!

Ces machines sont des condensés de savoir faire et nécessitent de la dextérité! Justement les doigts, c'est là, entre autre, que je dois "forcer" car ils me lâchent. Cela reste un bel exercice de mental et de manipulations !

Je comprends que ces machines avaient un usage professionnel. Les réglages demandent souvent des outils spécifiques et des démontages partiels savants mais je reste curieux de voir de près une surjeteuse moderne "familiale", voir comment ils ont simplifié ou pas la mise en œuvre.

Cette mise en fonction nous aura tout de même accompagné, ces quelques jours, pour franchir l'obstacle, avec madame, de notre premier COVID de l'année. Peut-être une version américaine... ça ne va plus nous lâcher, ce truc!

En effet, ton Adler 81-3 ressemble vraiment beaucoup, à quelques détails prêts, aux modèles Singer. Un clone de Singer 81 badgé Adler ou un modèle original? Existe-il autant de variétés Adler de surgeteuses de ce type comme c'est le cas avec Singer? Je vais commencer à chercher là dessus...


Si je n'avais pas la crève ni l'envie de la refiler, je me tenterais presque à faire un saut sur Lyon, un grand saut tout de même...

MarieH, ça ne te plairait pas, çà, comme bibelot?

(Étonnant, il existe aussi des calculettes Adler 81!)

Tu peux modifier le titre de ta vidéo sur You Tube : colonne de gauche "vos vidéos" cliquer sur l'icône trois petits points en dessous de la vignette de cette vidéo, puis sur modifier le titre et la description.

j'avais déjà donné une Pegasus et une Rimoldi sorties d'un atelier de fabrication de cravates. Les 2 ont repris du service. J'avais passé les moteurs à embrayage du 380 au 220 volts.
J'ai eu également 2 Merrow.

En effet, c'est toujours ce "copier coller" du mauvais titre de mon brouillon que j'avais utilisé pour créer le You tube, justement avant d'écrire ce post. Sur mes vidéos You tube aussi je chasse régulièrement les erreurs et les fautes d'orthographe. J'ai beau relire plusieurs fois, celles-ci ne "m'apparaissent" souvent qu'après plusieurs relectures. On se perturbe la perception des mots à trop retravailler les phrases et on ne voit plus les évidences.

Ce travail de poster des textes et des images n'est pas aisé pour moi (ni frotter les machines d'ailleurs). Je le conçois comme un réel exercice de maintien en forme des neurones et des fonctionnalités motrices, une tentative aussi de garder le lien social.

Lorsque je travaillais, je courrais toujours derrière de multiples tâches simultanément. Arrivé à la retraite, il y a dix ans, j'ai compris que si j'arrêtais de me donner des buts, les "faisceaux de neurones" adaptés à ma vie professionnelle disparaitraient et laisseraient des trous à la place. Il n'y a pas que BFM dans la vie si on veut garder la parole claire et le pied ferme!

Pour la correction du titre de la vidéo, je suis allé directement sur le "Tableau de bord de You tube Studio. Là, on peut tout modifier sauf la vidéo.

Tant que mes fils sont montés je vais retester un peu la "Pegasus". Je prends goût aux difficultés de ces machines. J'aimerais, mainstenant, me confronter à une "quatre fils" et pourquoi pas une "cinq fils"!

"Rimoldi"aussi est un nom qui revient souvent sur ce type de machines. On ne voit plus justement beaucoup "d'Adler". Ils ont du se spécialiser sur les triples entrainements.

Adler : superbes machines de cordonnier, à l'image de la 30-70 que j'ai eu aussi.

"Ce travail de poster des textes et des images n'est pas aisé pour moi"
ça ne l'est que pour ceux qui font ça régulièrement voire le font ou l'on fait professionnellement......comme beaucoup d'activités qui demandent de mémoriser beaucoup d'informations et de jongler avec maitrise avec beaucoup d'outils, qu'ils soient informatiques ou mécaniques du reste.
En fait tout savoir et savoir faire s'acquiert et se perd s'il n'est pas entretenu.

Quant à la chasse aux fautes, je donne aussi assez régulièrement dans le travers de passer au travers.

je fais tester par une copine qui maîtrise bien. Je ne m'embête pas avec ça.
Elle a testé également, en quelques minutes, un autre type de machine : une ourleuse à points invisibles ; chouette machine.

Encore un super article

Super compte-rendu pour une super machine qui a repris vie sous tes mains !

La tige d'aiguille est inclinée, non ? alors que sur les surjeteuses modernes elle est droite.

La tige est très inclinée, comme celle de la Willcox Pagasus, car une partie du travail se passe dessous.

La machine est très compacte, un exercice de style pour les concepteurs de mettre autant dans si peu de place! Elle pourrait tenir sur la main d'un bucheron mais avec ses 13kg je n'ai pas essayé!

Je cherche une "moderne", en "domestique", pour tester, voir les différences et installer chez ma sœur qui mettrait, elle, en pratique. Cette "81" non plus je ne lui proposerai pas... c'est des machines pour "couturiers- mécanos".

Elle est superbe ! J'adore tes reportages, Simanco, même avec les fautes qui se cachent pendant tes relectures! Effectivement, les réglages sont prévus pour être réalisés par le mécanicien, pas par le couturier. Ça confirme ce qu'on dit : en indus, une machine, un usage. Changer de tissu, ou simplement d'opération sur ces machines, ça ne se faisait pas sans passage du mécano.
Sur une familiale moderne, la largeur de coupe et la longueur de point sont réglables facilement via une molette accessible. L'utilisatrice ne règle pas la hauteur de griffe sur ces machines, mais suivant la gamme elle peut régler l'entraînement differentiel (entre les griffes avant et les griffes arrières).
Sur ma surjeteuse indus Siruba (des années 80), la plupart des réglages sont accessibles assez facilement, sans outil, de mémoire.
Lilique, il existe encore des surjeteuses indus dont la barre à aiguille est inclinée, j'en ai vue une neuve l'autre jour, une juki je crois.

Ah et bien justement, est-il possible de connaitre succinctement et en quelques mot (comment çà c'est pareil?), l'usage et la raison de cet entrainement différentiel? La conséquence du mauvais réglage se constate, le tissu se trouve bloqué devant la seconde griffe. Pourquoi cette complication mécanique a-t-elle été rendue nécessaire sur les surjeteuses? Trouve-t-on ailleurs, sur d'autres types de machines industrielles, ce principe?

Si on retrouve cette particularité sur les "familiales" modernes, cela doit être expliqué sur les notices? Sur quel exemple de "familiale" trouve-t-on ce montage, que je cherche la notice?... (dans la rubrique "notices", ofc!)

il faudrait que vous ouvriez un sujet, à ce sujet
le titre de celui ci n'attire pas la foule des grands jours.

Ok,
Je ferai un post d'ici ce week-end, il faut que je prenne des photos avec ma surjeteuse, donc il faut que je la sorte.
Après, je ne suis pas experte en surjet, donc j'expliquerai ce que je sais, mais ça ne répondra pas forcément à toutes tes questions, simanco.

Merci!... toutes les questions non, je suis expert en questions insolubles mais en réponses je suis preneur car de celles-là, je manque!

Extramidable cette chouette vénérable ancienne...

Ludivine 74 a écrit:
Lilique, il existe encore des surjeteuses indus dont la barre à aiguille est inclinée, j'en ai vue une neuve l'autre jour, une juki je crois.

Mais oui, tu as raison, Ludivine, quelle nouille je fais ! ma Juki a effectivement la barre inclinée mais beaucoup moins que la Singer présentée par Simanco... A force de coudre avec et à de me concentrer sur les réglages pour obtenir le point adéquat, j'en ai "squizzé" la barre d'aiguille ! (Oups, j'ai besoin de vacances, l'été fut laborieux... )